Le 9 avril, aux premières lueurs du jour, le ciel du May-sur-Evre (Maine-et-Loire) s’est teinté de bleu. Celui des gyrophares de la gendarmerie qui ont déferlé en masse sur ce petit bourg rural des Mauges de 3 970 habitants, situé à 11 km au nord de Cholet. Après plus d’un an de filatures, d’écoutes, et de surveillance des réseaux sociaux, les 120 militaires venus des casernes du Maine-et-Loire et des pelotons de surveillance et d’intervention des départements voisins ont interpellé seize individus liés à un point de deal virtuel qui alimentait en drogue toute la région et au-delà.

A la tête de cet « Uber shit » des campagnes, une majorité de jeunes adultes. Tous du coin ou presque, la plupart vivant encore chez leurs parents. Le cerveau supposé du réseau, Johan B, a fêté ses 25 ans en détention provisoire ce 14 avril. Chez lui, les gendarmes ont retrouvé une carabine 22 long rifle, 14 000 euros en liquide et une machine à billets.

Chez son comparse Thibaut V. (29 ans), la perquisition a permis de mettre la main sur 31 kg de cannabis, 615 grammes de cocaïne et du matériel de découpe. Au domicile d’un troisième, Tom S. (20 ans), 60 000 euros, un gilet pare-balles et un pistolet Glock chargé. C’est lui qui gérait l’argent et alimentait les livreurs.

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Par livreur ou colis postal

Car la particularité de ce réseau de distribution, c’est qu’il fonctionnait uniquement à distance. Les clients de toute la région commandaient en ligne au « Zanzi shop » et recevaient leur drogue par l’entremise d’un livreur. Ils réglaient leur commande en cryptomonnaies ou en espèces. Une flotte de véhicules servait à ces tournées quotidiennes qui pouvaient rapporter, selon le procureur de la République d’Angers, 10 000 euros par jour. Quand ils étaient situés trop loin, certains clients étaient tout simplement livrés par colis postal. Jusqu’en Lituanie et même au Mexique.

A l’issue de leur descente massive du 9 avril, les gendarmes ont récupéré 160 000 euros, 41 kg d’herbe et de résine de cannabis, 760 grammes de cocaïne, et des armes de catégorie A et B. Chez Julien L. (38 ans), chargé du stock et du service après-vente, ont ainsi été saisis trois chargeurs de kalachnikov et 134 cartouches.

La justice a déjà réglé le sort de six des seize personnes interpellées, les moins impliquées. Toutes ont accepté une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité et des peines allant de huit à vingt-quatre mois d’emprisonnement, parfois assorties de sursis probatoire ou d’un aménagement de peine. La plus âgée a 58 ans. Les dix autres, neuf hommes et une femme âgés de 19 à 38 ans, ont été traduits devant le tribunal correctionnel d’Angers, vendredi 12 avril. Ils ont été placés en détention provisoire dans l’attente de leur procès, fixé au 10 juillet.

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