Le niveau de stress de David Moorman est monté d’un cran, début février. Le neuroscientifique, professeur associé à l’université du Massachusetts, située à Amherst, aux Etats-Unis, n’a pas reçu la bourse qui soutient ses travaux sur le fonctionnement du cerveau. Les Instituts nationaux de la santé (National Institutes of Health, NIH), l’agence fédérale de recherche médicale du pays qui lui a accordé ce financement en 2022 pour cinq ans, ne lui ont fourni aucune explication.
A quoi bon, alors que toutes les subventions fédérales ont été gelées depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier ? Sans cet argent, impossible de verser les salaires de ses collaborateurs, d’acheter les souris sur lesquelles son laboratoire travaille, les seringues, les gants… Sa fac a pris le relais, mais le chercheur sait qu’elle n’aurait pas pu tenir très longtemps. La somme a été débloquée, le 5 mars. Mais amputée de 10 %, sans justification. « D’autres ont perdu 20 %, raconte-t-il. Même si je suis soulagé, je reste inquiet pour l’avenir. »
Il n’est pas le seul. Toute la communauté scientifique est sous le choc de la violence des attaques menées par le nouveau pouvoir à Washington. Coupes massives dans le personnel des agences fédérales, financements suspendus ou annulés, données rendues inaccessibles, réunions reportées sine die : dans sa volonté de réduire à la hache les coûts de fonctionnement de l’administration, le 47e président des Etats-Unis a plongé le monde de la science dans le chaos.
Et si l’univers de la santé et de la recherche en médecine et en biologie se pensait protégé, il se retrouve en première ligne. « Nous avons toujours supposé, dans l’industrie biomédicale, que nous bénéficiions d’un large soutien, au-delà des clivages politiques − la santé n’a pas d’affiliation politique, n’est-ce pas ? », déclare David Moorman.
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