Adrian (le prénom a été modifié) n’aura pas mis longtemps à se faire repérer par les enfants gitans de Saint-Jacques. En cet après-midi de mars, dans ce quartier de l’hypercentre de Perpignan, une nuée de garçonnets habitués à l’école buissonnière dévale les ruelles cabossées pour se retrouver à l’angle de la place Joseph Cassanyes. Elle volette désormais autour de l’adolescent, tant animée par la curiosité que par une envie de l’aiguiller, et devine sans peine ce qu’il est venu faire là. Arrivé le matin de Marseille en fraudant le train, le jeune homme, dont on peine à croire qu’il est majeur, comme il le prétend, espère rencontrer son idole : Nasdas.

Le créateur de contenus de 28 ans, qui fut longtemps le Français le plus suivi sur le réseau social Snapchat du haut de ses 9,1 millions d’abonnés, est une figure célèbre bien au-delà de la cité catalane et de Saint-Jacques. Dans ce quartier extrêmement paupérisé où il a grandi, qui mêle communautés gitanes et maghrébines, on reconnaît sans peine les décors et les figurants aux destins accidentés qui l’ont rendu riche et célèbre.

Nasdas, qui n’a pas répondu aux demandes d’interview du Monde, est un cas unique dans la masse des influenceurs français. Adulé pour ses distributions de cadeaux aux locaux, il est aussi critiqué pour sa façon de mettre en scène sur les réseaux sociaux la pauvreté et ce mode de vie fait de misère et de débrouillardise qu’il appelle la « chienneté ». Etre le « Robin des bois » de Perpignan comme le qualifient certains médias – semble, au fil des années, de moins en moins tenable.

Un modèle de réussite et attraction

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