Dans leur tenue de protection blanche, un masque respiratoire sur le visage, les employés de l’usine Revolt ont des allures d’astronautes. Penchés sur leurs ordinateurs, ils s’assurent que les cellules de batterie, arrivées ici pour être recyclées, sont bien déchargées, avant d’être désossées, puis concassées, afin d’en extraire la black mass. Cette masse noire poudreuse, composée de cobalt, de nickel, de manganèse et de lithium, est ensuite plongée dans un bain acide. Le procédé permet de séparer les métaux, qui sont affinés, avant d’être réutilisés dans la production de cathodes de la giga-usine voisine, installée en bordure de Skelleftea, dans le nord de la Suède.

Chaussée de bottes de sécurité et coiffée d’un casque de chantier, Emma Nehrenheim ne cache pas sa satisfaction. Professeure d’ingénierie environnementale, recrutée en 2017 au poste de directrice générale de l’environnement par le fabricant suédois de batteries Northvolt – qui n’était alors qu’une petite start-up –, c’est elle qui a supervisé la conception de l’usine de recyclage. Un maillon essentiel dans la stratégie d’intégration verticale de la compagnie, fondée en 2015 par deux anciens de Tesla, Peter Carlsson et Paolo Cerruti, dont l’ambition est non seulement de doter l’Union européenne (UE) d’un géant de la batterie capable de concurrencer les titans asiatiques, mais aussi de mettre sur le marché la batterie électrique « la plus verte du monde ».

Emma Nehrenheim et ses collègues ont fait les calculs : l’empreinte carbone d’une cellule de batterie pourrait descendre à 10 kilogrammes de dioxyde de carbone (CO2) par kilowattheure, alors que la moyenne internationale se situe actuellement entre 100 et 140 kilogrammes. En s’assurant que ses gigafactories, très énergivores, ne consomment que de l’électricité verte, Northvolt a déjà réussi à atteindre 35 kilogrammes de CO2 par kilowattheure.

Le groupe, qui a levé 13 milliards de dollars (12,2 milliards d’euros) depuis sa création et emploie désormais plus de 5 000 personnes dans le monde, a annoncé la construction de six usines. Malgré des retards à l’allumage, Northvolt Ett, implantée à Skelleftea, a commencé à fournir ses clients, parmi lesquels se trouvent les constructeurs Scania, Volvo, BMW et Volkswagen. D’ici à 2025, sa capacité de production annuelle devrait atteindre 16 gigawatts, avant de monter à 60 gigawatts. De quoi équiper en batteries 1 million de véhicules électriques.

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Une seconde usine, située à Gdansk (Pologne), est en construction. Le chantier de la troisième, Northvolt Drei, à Heide (Allemagne), a été inauguré le 25 mars, en présence du chancelier Olaf Scholz, dont le gouvernement va fournir une aide de 902 millions d’euros à Northvolt. Deux autres usines sont prévues en Suède – l’une dans le cadre d’un partenariat avec Volvo à Göteborg, l’autre dans une ancienne usine de pâte à papier à Borlänge. Une sixième sera installée non loin de Montréal, au Canada.

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