Les uns après les autres, les décrets tombent, concrétisant l’offensive transphobe annoncée par Donald Trump avant son arrivée au pouvoir. Dès le jour de son investiture, le 20 janvier, le président américain a en effet paraphé un arrêté affirmant que les Etats-Unis ne reconnaîtraient plus que « deux sexes, masculin et féminin » définis à la naissance et un autre supprimant les aides fédérales en faveur de la diversité. Quelques jours plus tard, un autre décret destiné à lutter contre les méfaits de « l’idéologie du genre » dans l’armée bannissait de facto les personnes trans de l’armée américaine, et un autre interdisait tout soutien fédéral aux soins d’affirmation de genre pour les mineurs – notamment la prescription de bloqueurs de puberté et de thérapies hormonales. Spécialiste des mouvements antigenre en Europe, David Paternotte est professeur de sociologie et d’études de genre à l’Université libre de Bruxelles. Il revient sur la signification politique de ces décisions.
Pourquoi le thème du « délire transgenre » a-t-il pris une place si importante dans la campagne et les premières décisions de Donald Trump ?
Aux Etats-Unis, tout a commencé en 2016 avec la question de l’accès des personnes trans aux toilettes correspondant à leur identité de genre. Le camp conservateur américain a trouvé là une thématique faisant consensus dans ses rangs, et lui permettant de mobiliser largement sa base. Le président Trump, qui a compris ce potentiel mobilisateur, continue cette offensive transphobe avec une violence et une systématicité impressionnantes.
Les droits des personnes trans sont en effet perçus, à droite, comme l’un des éléments les plus évidents du « wokisme », que Trump et ses supporteurs appellent à combattre. C’est dans ce cadre idéologique qu’il faut comprendre les décrets pris contre les droits des personnes trans. Avec ceux qui révoquent les politiques de « diversité, équité, inclusion », ce sont des jalons symboliques forts de cette guerre culturelle menée par la droite américaine.
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