Fadi Abdel-Dayem, 47ans (à droite) et son frère Hischam (à gauche), regardent Emmanuel Macron à l'ONU, à Ramallah, le 22 septembre 2025.

Dans la bande de Gaza, en grande partie anéantie sous les bombes israéliennes, les Palestiniens ont accueilli dans la douleur la reconnaissance de leur Etat par la France et une dizaine de pays, lundi 22 septembre. S’ils perçoivent la portée politique et symbolique de cette initiative, ils considèrent que son impact sur leur vie, noyée dans la souffrance, sera inexistant. Après avoir vu leurs familles massacrées et leurs maisons détruites par l’armée israélienne, après avoir été victimes de déplacements incessants, culminant avec l’exode forcé de la ville de Gaza, prise sous les frappes et l’offensive terrestre qui réduisent leurs quartiers en cendres, beaucoup expriment leur colère contre une communauté internationale jugée complice ou passive depuis deux ans que dure cette guerre déclenchée par l’attaque du Hamas en octobre 2023. A leurs yeux, le geste arrive trop tard et paraît vain, à l’heure où Israël commet ce qui est désormais reconnu comme un « génocide » par une commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Pour le docteur Hani Badrane, qui vient d’arriver dans le Sud, au camp d’Al-Mawassi, à Khan Younès, après avoir été chassé du nord de la ville de Gaza sous la tempête de feu, l’annonce de la reconnaissance n’est d’aucun soulagement. « Vous, la France, vous, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie, vous êtes silencieux depuis deux ans, vous n’avez rien dit, vous n’avez rien fait. Que signifie reconnaître l’Etat palestinien ? Et que vais-je en tirer en tant que citoyen ? Cette reconnaissance me rendra-t-elle ma famille ? Mon travail ? Mon nom et la position scientifique que j’avais avant la guerre ? », s’interroge le cardiologue, au téléphone – Israël interdit l’accès de l’enclave palestinienne aux journalistes étrangers depuis deux ans. Le médecin, qui intervenait depuis vingt ans à l’hôpital Al-Shifa, a perdu tous ses enfants ainsi qu’une grande partie de sa famille élargie dans une frappe de l’armée israélienne contre son domicile. « [Cette reconnaissance] ne me servira à rien. La seule chose que je veux, maintenant, c’est une seconde chance, c’est de pouvoir continuer à vivre », témoigne-t-il en tentant de monter une tente en piteux état afin d’y trouver refuge.

Il vous reste 74.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version