C’est une ligne de dialogue, à peine un rôle. Presque de la figuration. Dans Oslo, 31 août (2011), de Joachim Trier, Renate Reinsve joue une jeune noceuse emportée avec quelques amis dans une folle nuit d’alcool et de danse. « Allons faire la fête ! », l’entend-on dire. Et puis, plus rien. Mais on voit sa silhouette, ondulant dans une boîte de nuit, arpentant les rues vides de la capitale norvégienne, se baignant dans une piscine au petit matin. Si bien que ce rôle minuscule a nécessité une dizaine de jours de présence sur le plateau. C’était sa première fois au cinéma et Joachim Trier avait été intrigué. « Elle était intense dans chaque scène, même quand on la voyait à peine », se souvient le réalisateur dano-norvégien.

Ils discutent entre les prises, restent en contact après le tournage. Le milieu du septième art à Oslo est tout petit, ils se croisent souvent. « Je me disais qu’elle allait percer, trouver ce grand rôle qu’elle méritait, raconte-t-il, mais je ne la voyais que dans des petits rôles qui n’étaient pas à sa hauteur. » Il décide d’écrire pour elle le scénario de Julie (en 12 chapitres) (2021), chronique de la vie d’une jeune femme désemparée face aux choix de l’âge adulte. Renate Reinsve a alors 33 ans et joue pour la première fois le personnage principal d’un film. A Cannes, elle remporte le Prix d’interprétation de la meilleure actrice.

L’histoire du cinéma est faite de ces apparitions, de ces comédiens et de ces comédiennes surgis de nulle part et dont on se sent en un instant familier. Les émotions du héros croisent les nôtres. Peu importe qu’on ne connaisse rien du décor ou qu’on ne comprenne rien à la langue qu’il ou elle parle. C’est ainsi que, en 2021, Renate Reinsve est entrée dans l’imaginaire de nombreux cinéphiles. Ces derniers l’ont reconnue ensuite dans quelques autres films, présentés à Sundance (Handling the Undead, 2024), ou à la Berlinale (A Different man, 2024). Cette même année 2024, elle était à nouveau à Cannes avec La Convocation (sorti en France en mars 2025), de Halfdan Ullmann Tøndel, qui remportait la Caméra d’or, récompense du meilleur premier film.

Il vous reste 85.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version