À Paris, 426 faux salons de massage ont été dénombrés en 2025.
« C’est scandaleux, parce que c’est une activité de traite d’êtres humains », confie à TF1 le fondateur de l’association Zéro Macho.
Le gouvernement promet des actions rapides, mais sans des moyens considérables de la police et de la justice, la tâche risque de s’avérer compliquée.

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Les enquêtes de FX

C’est un véritable fléau. À Paris, les faux salons de massage qui cachent des prostituées ne cessent de fleurir. Et ils sont de plus en plus organisés, comme des mafias. Dans la rue, on les reconnaît aux maigres informations sur la vitrine et aux illustrations prétexte. Ainsi qu’aux rideaux tirés en permanence.

« Une heure, c’est 150 euros. Corps à corps, finition à la main », explique une employée filmée en caméra cachée comme on peut le voir dans le reportage en tête. De nombreux établissements proposent un double menu : le massage officiel et sur des fiches plastifiées, des massages naturistes ou « body, body ». La tenue des employées, en nuisette, ne laisse aucune place au doute. 

Elle me disait si tu me dénonces, j’ai un copain à Marseille qui va venir te tuer

Une victime des faux salons de massage

Nous avons rencontré une femme qui a exercé huit mois dans un salon de massage ayant pignon sur rue. La gérante, une Chinoise de 40 ans, l’a recrutée parce qu’elle n’avait pas ses papiers et était tombée dans la précarité. « Elle partageait la moitié avec les masseuses. Ces derniers temps, elle recrutait des filles de 18 ans, 19 ans. C’était horrible. Je l’entendais même dire aux clients : ‘la semaine prochaine, il y a une fille de 17 ans qui va arriver’« , se souvient-elle.

« Elle me disait : ‘si tu me dénonces, j’ai un copain à Marseille qui va venir te tuer’. Une femme qui manipule une femme dans un moment de détresse, c’est dur. Je regrette de ne pas l’avoir dénoncée avant, elle a réussi à me manipuler un moment », admet au bord des larmes la jeune femme, qui a porté plainte. La gérante a été condamnée à de la prison ferme.

La police manque de moyens pour endiguer ce phénomène

« C’est scandaleux parce que c’est une activité de traite d’êtres humains et d’esclavage sexuel en plein Paris, avec pignon sur rue, immatriculé au registre des commerces et qui fait de la publicité au su et au vu de tout le monde, notamment des riverains », déplore Frédéric Robert, cofondateur et porte-parole de l’association, Zéro Macho. D’après l’association, en 2021, 300 salons douteux existaient à Paris. En 2025, ce chiffre a grimpé à 426. 85 % sont d’origine chinoise et 15 % d’origine thaïlandaise.

Dans le 17ᵉ arrondissement de la capitale, plus de 60 salons sont référencés. Le maire LR Geoffroy Boulard a demandé de l’aide à la police. « On a à peu près quatre salons qui ferment par an grâce à l’action de la police. Mais celle-ci nous dit qu’elle n’a pas assez de moyens, ce n’est pas assez prioritaire au regard du terrorisme ou d’autres enjeux. Ça reste mineur et c’est ça le sujet », regrette l’édile.

Que peut faire la justice ? En France, la loi en matière de prostitution a beaucoup évolué. « Aujourd’hui, les prostituées ne sont plus poursuivies pour le délit de racolage, ce sont les clients qui sont poursuivis. Et la loi prévoit une peine d’amende de 3.750 euros en cas de récidive », explique Me Sophie Haddad, avocate à Savigny-sur-Orge dans l’Essonne.

Le gouvernement promet des actions rapides contre les faux salons de massage. Mais sans moyen considérable de la police et de la justice, ce sera très difficile.


Rania HOBALLAH | Reportage : François-Xavier Ménage

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