Depuis le 26 juin 1945 et la signature de la Charte des Nations unies, le monde repose sur un ordre international articulé autour d’un principe cardinal simple : tout faire pour maintenir la paix et la sécurité dans le monde. L’Organisation des Nations unies et d’autres institutions internationales nées au sortir de la guerre ont ainsi été créées pour les préserver par divers moyens – à commencer par l’interdiction du recours à la force entre les Etats – et prévenir le retour d’une guerre mondiale.
Ce nouvel ordre a fait naître une certaine éthique des relations internationales, fondée, comme toute éthique, sur le questionnement. L’interrogation centrale peut se formuler ainsi : l’action de mon Etat sur la scène internationale peut-elle être fondée en droit international ? Puis-je trouver des bases juridiques communément reconnues ou un titre de compétence me permettant d’agir de telle ou telle manière à l’égard des autres souverains ?
Naturellement, de nombreux Etats cherchent toujours à interpréter à leur avantage le droit international qui, parfois, leur est manifestement défavorable. Il y va ainsi du concept de légitime défense consacré par l’article 51 de la Charte des Nations unies, dont les Etats-Unis, par exemple, ont à plusieurs reprises défendu le caractère possiblement préventif – une interprétation que la Charte ne prévoit pas explicitement.
Recherche de la justification
Toutefois, on constatait jusqu’à peu que, même lorsque des notions juridiques aussi fondamentales que celle de la légitime défense étaient malmenées, le principe directeur restait celui de la tentative de justification de tout acte en droit international, impliquant un questionnement minimal. Vladimir Poutine lui-même, le jour de l’« opération militaire spéciale » en Ukraine, a invoqué divers arguments pour tenter de justifier juridiquement cette agression. Quand bien même ils s’appuyaient sur une interprétation hautement contestable des dispositions applicables, ils témoignent d’un effort – fût-il fallacieux – visant à donner une assise juridique à une violation flagrante du droit international. Cette recherche de la justification, perceptible même au cœur des conflits, repose sur l’idée simple que tout Etat a, de manière générale, intérêt à respecter le droit international ou à prétendre le respecter, car c’est ce même droit qui garantit son existence, sa souveraineté et sa sécurité en tant qu’Etat.
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