L’ancien ministre Clément Beaune éliminé à Paris, dès le premier tour ; la ministre des outre-mer, Marie Guévenoux, troisième dans l’Essonne, qui se désiste ; le député sortant Eric Woerth, arrivé 10 points derrière son adversaire du Rassemblement national (RN), dans son fief de l’Oise ; le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, en tête dans le Nord, mais avec moins de 1 000 voix d’avance sur l’extrême droite… Douloureuse litanie pour le camp présidentiel.

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La brutale dissolution de l’Assemblée nationale, décidée par Emmanuel Macron le 9 juin, se solde par la dissolution de sa propre majorité qui, arrivée troisième derrière le RN et le Nouveau Front populaire, se voit désormais menacée de quasi-effacement. « La décision de dissoudre l’Assemblée nationale a, dans les faits, mis un terme au paysage politique qui avait résulté de l’élection présidentielle de 2017 », a résumé l’ancien premier ministre Edouard Philippe, qui, dix jours plus tôt, avait reproché au président de la République d’avoir « tué » la majorité.

Au-delà de la sévère défaite électorale infligée au camp présidentiel, encore renforcée par la forte participation (66,7 %), c’est le macronisme, dans son essence, qui s’est autodissout dimanche. Sa promesse originelle – que les Français n’aient « plus aucune raison de voter pour les extrêmes » – se voit en effet balayée, tache sombre sur son bilan : dimanche, le parti de Marine Le Pen et ses alliés ont obtenu plus de 10,5 millions de voix, soit près de quatre fois plus que son score aux législatives de 2017 (3 millions de voix).

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Il y a sept ans, le jeune candidat d’En marche ! entendait également dépasser le clivage droite-gauche et capitaliser sur l’affaiblissement des vieux partis, qu’il décrivait comme d’inutiles rentiers, responsables des blocages du pays. Au soir de cette dissolution ratée, Emmanuel Macron voit non seulement revenir le clivage d’antan, radicalisé, mais il dépend d’accords d’appareils et de désistements partisans pour sauver un certain nombre de ses candidats.

Incapable de donner une consigne limpide

Le président de la République a, en outre, tellement affaibli la droite, qu’il a dépecée et humiliée, qu’il ne pourra plus s’appuyer sur elle dans la future Assemblée. Il se voit donc contraint de se tourner vers la gauche, envers laquelle il a pourtant multiplié les critiques pendant la campagne, pour former une éventuelle « coalition républicaine », si le RN n’obtenait pas la majorité absolue le 7 juillet, notamment grâce à ce front républicain, tant de fois donné pour mort par le camp présidentiel.

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