« Décroiscience » de Nicolas Chevassus-au-Louis.

Voici des idées neuves pour la recherche scientifique qui ne manqueront pas de surprendre, ou de déranger, tant elles sont à rebours des pensées majoritaires dans les laboratoires. Publier moins d’articles, aller à moins de conférences lointaines accessibles seulement en avion, écrire en français plutôt qu’en anglais, privilégier les low techs (des technologies fiables, mais moins clinquantes que les dernières percées à la mode), interdire certaines recherches, transformer « drastiquement » le CNRS… Cette liste d’objectifs trace la voie de la « décroiscience », un terme inventé en 2021 par le biologiste Jacques Testart et qui est le titre de cet ouvrage du journaliste Nicolas Chevassus-au-Louis. Ce mot-valise désigne l’application des principes de la décroissance économique au monde de la recherche.

L’auteur se garde bien de présenter brutalement cette réforme, qu’il sait non consensuelle. Il y va donc progressivement, avec le rappel d’une coïncidence historique éclairante. En 1972 sort le fameux rapport Meadows sur les limites de la croissance économique, qui alerte sur les risques à poursuivre la marche en avant. La même année, le célèbre mathématicien Alexandre Grothendieck provoque ses collègues avec une conférence intitulée « Allons-nous continuer la recherche scientifique ? », qui est en cohérence avec sa démission, deux ans plus tôt, de l’Institut des hautes études scientifiques, pour devenir l’un des premiers militants de l’écologie politique.

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