Quelques heures après avoir annoncé son gouvernement, Sébastien Lecornu, a présenté sa démission à Emmanuel Macron, lundi 6 octobre au matin. Dans une allocution qu’il a donnée à Matignon, peu de temps après, le premier ministre démissionnaire a notamment mis en cause le « réveil de quelques appétits partisans, parfois non sans lien (…) avec la future élection présidentielle ». Tour d’horizon des réactions à la démission de M. Lecornu.
Pour Les Républicains, « un problème de confiance » avec Sébastien Lecornu
Le parti Les Républicains (LR), qui a accéléré la chute du gouvernement Lecornu – Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur et patron de la formation, ayant critiqué dès dimanche soir l’équilibre dans les nominations –, se réunissait lundi matin au siège du parti.
Après ce conseil stratégique, Bruno Retailleau a déploré sur TF1 un « problème de confiance » de la part de Sébastien Lecornu, déclarant que ce dernier lui avait « caché qu’il y aurait la nomination de Bruno Le Maire » (au ministère des armées) lorsqu’il a accepté de participer au gouvernement. Selon lui, le retour de M. Le Maire, ancien ministre de l’économie (2017-2024), est « révélateur d’une sorte de déconnexion » d’un gouvernement qui « promet la rupture » alors qu’il n’y en a « pas du tout ». Le patron de LR a néanmoins estimé qu’il n’était « pas du tout » responsable de la chute du gouvernement Lecornu, assurant avoir « fait le choix du pays ».
M. Retailleau a appelé Emmanuel Macron à prendre la parole, « évidemment ». Pour sortir de la situation de « blocage » dans laquelle se trouve la France, « la clé de voûte, c’est le président de la République. C’est lui qui a le pouvoir de dissoudre ou de nommer un autre gouvernement. (…) C’est à lui de choisir », a souligné le chef de LR.
Même tonalité du côté du président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui a appelé lundi matin Emmanuel Macron à « parler dans les heures qui viennent ». « A partir du moment où Emmanuel Macron a indiqué qu’il était déterminé à aller jusqu’au bout de son mandat, il y a urgence à ce qu’il se remette à présider notre pays », a déclaré M. Bertrand.
Dans le bloc central, Marc Fesneau fait part de sa « honte »
Dans un message posté sur X, le président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, Marc Fesneau a exprimé sa « honte » devant la situation politique. « J’ai honte de notre vie politique. Je veux, ici, dire les choses telles qu’elles sont. L’irresponsabilité individuelle, les ambitions présidentielles et les petits calculs mesquins sont en train de faire sombrer le pays dans le chaos », a-t-il fustigé.
Pour évoquer la suite, et alors qu’Emmanuel Macron n’a pas encore annoncé de prise de parole lundi, les partis du bloc central – Renaissance, Horizons et MoDem –, ont chacun prévu de réunir leurs instances en urgence.
Le secrétaire général de Renaissance et président du groupe des députés du parti présidentiel, Gabriel Attal, qui souhaite à nouveau la nomination d’un négociateur, a convoqué une réunion de groupe à 16 heures, puis du bureau exécutif du partir à 17 heures. Le MoDem réunit aussi son bureau exécutif dans l’après-midi, tandis qu’un bureau politique d’Horizons, élargi à tous les parlementaires, se tiendra à 18 heures.
Jean-Luc Mélenchon propose une rencontre aux partis de gauche, Marine Tondelier affirme qu’elle n’aura pas lieu
Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, a dès lundi après-midi proposé une « rencontre » aux partis de gauche, fondateurs de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) en 2022, puis du Nouveau Front populaire en 2024, pour « envisager toutes les hypothèses ouvertes par cette situation ». Un peu plus tard, lors d’un point presse, il a de nouveau remis en cause « la légitimité du président de la République (…) à l’origine du chaos ».

La réunion proposée n’aura cependant pas lieu, selon Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes. « Ça paraît assez évident que le Parti socialiste (…) ne va pas accourir vers La France insoumise comme si de rien était. Ce qui a été dit et ce qui a été fait les mois précédents laisse des traces, et c’est normal », a-t-elle commenté.
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Le Parti socialiste n’a pour l’instant pas officiellement dit s’il répondrait favorablement à l’invitation de LFI. « Ce n’est pas à Jean-Luc Mélenchon de nous convoquer, ça c’est certain », a néanmoins commenté sur BFM-TV Arthur Delaporte, porte-parole du PS. « Aujourd’hui, s’il s’agit de constituer un gouvernement de gauche, la présence de LFI fera qu’il sera censuré immédiatement », a-t-il souligné.
Olivier Faure a, par ailleurs, salué la démission « avec dignité et honneur » de Sébastien Lecornu. « Je me demandais s’il restait un gaulliste dans ce pays. Il en restait un », a déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste sur X.
La députée ex- « insoumise » Clémentine Autain a, de son côté, appelé la gauche à « un sursaut » : « Il nous faut un accord politique durable entre toutes les forces de gauche et écologistes. »
Pour le RN, la dissolution est « absolument nécessaire »
Marine Le Pen a de nouveau appelé Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale, une décision « absolument nécessaire », selon elle. « « Nous sommes au bout du chemin, il n’y a pas de solution, il n’y en aura pas plus demain (…). La seule décision sage dans ces circonstances (…) est d’en revenir aux urnes », a estimé la cheffe de file des députés Rassemblement national.
« La farce a assez duré », a-t-elle ajouté, estimant que le président était « en train de mettre le pays dans une situation terriblement compliquée ». Mme Le Pen n’a pas non plus écarté l’hypothèse d’une démission du chef de l’Etat : « Je n’ai pas à l’appeler à le faire. S’il prend la décision de le faire, je pense que ce serait une décision, là encore, sage », a-t-elle répondu.
Son allié Eric Ciotti, à la tête de l’Union des droites pour la République (UDR), a appelé Emmanuel Macron à « tirer les leçons de la situation » : « Quand il y a crise, la seule solution c’est l’élection pour retrouver la légitimité d’un peuple de France qui est en colère. » Selon lui, cette nouvelle élection doit être présidentielle, pour que « les Français décident par qui ils doivent être dirigés », estimant que l’« alliance des contraires » a provoqué un « bug » dans le fonctionnement politique.
Marion Maréchal, présidente du mouvement Identité libertés, a également appelé à « un retour aux urnes », ainsi qu’à « une coalition des droites la plus large possible », qui doit, selon elle, rassembler, « au-delà du RN, des gens qui peuvent aller jusqu’à Nicolas Dupont-Aignan, Les Républicains, évidemment ».