Le valproate de sodium, molécule à la base du médicament antiépileptique Dépakine, peut perturber le développement d’un enfant s’il est pris par le père dans les mois précédant la conception, conclut jeudi 6 novembre une vaste étude menée en France.

Il y a « un risque accru de troubles neurodéveloppementaux (TND) chez l’enfant » après une « exposition paternelle au valproate pendant la période de conception », explique un communiqué du groupement Epi-Phare, réunissant l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et l’Assurance-maladie, relayant une étude.

« Les résultats montrent une augmentation globale de 24 % du risque de TND chez les enfants de père traité par valproate au moment de la conception, comparativement à ceux dont le père était traité par lamotrigine ou lévétiracétam – deux médicaments recommandés en première ligne en raison de leur meilleur profil de sécurité », détaille le communiqué.

Plus spécifiquement, le risque de troubles du développement intellectuel apparaît doublé chez les enfants exposés. Le lien est moins clair avec d’autres troubles, de l’attention ou du langage par exemple.

Des risques bien connus pendant la grossesse

Le valproate est la molécule de la Dépakine. Ce traitement antiépileptique produit par Sanofi, et d’autres groupes pour ses versions génériques, est déjà bien connu pour ses dangers quand il est pris par une femme enceinte.

Chez l’enfant exposé pendant la grossesse, le traitement produit souvent des malformations (un cas sur dix) et plus encore des troubles du développement, comme l’autisme ou des retards cognitifs (au moins un cas sur trois).

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Plus récemment, un risque potentiel a également été identifié en cas de prise du traitement par les futurs pères, en raison des effets de la molécule sur le processus de fabrication des spermatozoïdes.

L’Agence européenne du médicament (AEM) avait averti en 2023 d’un possible risque de troubles du développement chez l’enfant, sur la base d’une étude réalisée dans des pays scandinaves. Elle prévenait néanmoins que la méthodologie était insuffisante pour conclure fermement à un tel effet.

Un risque confirmé pour les futurs pères

Plusieurs pays ont cependant déjà restreint la prescription de Dépakine aux futurs pères. En France, depuis 2025, seuls les neurologues, psychiatres et pédiatres peuvent commencer à prescrire ce médicament à des hommes susceptibles d’avoir un enfant.

Dans ce contexte, l’étude menée par Epi-Phare, réalisée en étudiant les presque trois millions de naissances recensées entre 2010 et 2015, apporte des éléments plus précis. « On a un risque potentiellement moins fréquent » quand le traitement est « pris par le père plutôt que par la mère. Néanmoins ce sont des conséquences potentiellement lourdes pour l’enfant », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Philippe Vella, directeur médical de l’ANSM.

Toutefois, « dans l’épilepsie, un arrêt brutal du traitement peut être extrêmement délétère », avertit-il. « Si un patient souhaite avoir un enfant et se passer du valproate, c’est un dialogue qui doit se faire avec le médecin. »

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Le Monde avec AFP

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