Plusieurs épidémies frappent actuellement les élevages d’ovins et de bovins français.
Des vaccins ont été mis au point, mais ils tardent à être distribués.
Une équipe de TF1 s’est rendue en Haute-Garonne et dans la Drôme.

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Le 20H

Pas moins de trois virus se répandent actuellement dans les élevages français, causant le décès de centaines de bêtes. Pour Eric Gardelle, éleveur de vache à Saint-Frajou, en Haute-Garonne, c’est un véritable crève-cœur. La moitié de son troupeau est tombée malade. « On le voit : celle-là, elle boite, l’autre, son état de santé général n’est pas bon« , se lamente l’éleveur dans le reportage du 20 heures de TF1 ci-dessus. La faute à un virus tropical qui sévit depuis un an dans l’Hexagone. 

« C’est un moucheron qui est arrivé dans nos campagnes et qui transmet la maladie de vache en vache« , reprend l’éleveur face à notre caméra. Sa piqûre provoque une forte fièvre, qui peut parfois s’avérer mortelle. Le nuisible en question, c’est le moucheron culicoïde, un insecte volant de petite taille vecteur de plusieurs affections virales (non transmissibles à l’homme), dont la maladie hémorragique épizootique (MHE), aussi connu sous le nom de « Covid de la vache ».

Décès, infertilité et absence de lait

À cause de lui, Eric Gardelle a déjà perdu sept vaches. Les survivantes connaissent, quant à elles, des problèmes de fertilité. « Il me manque un tiers de veaux sur le cheptel. Une vache [infectée] ne fait pas de lait du tout. Si elle fait un veau, il n’a rien à manger. Donc, il faut lui acheter de l’aliment« , explique l’éleveur. Il estime ses pertes à environ 50.000 euros au total. 

Les premiers foyers ont été déclarés en France en septembre 2023 dans des élevages bovins du sud-ouest. La maladie
est « probablement arrivée depuis l’Espagne » à la suite « d’une dissémination de moucherons par le vent depuis la Tunisie« , indique le site du ministère français de l’Agriculture. Des milliers de foyers ont été recensés dans l’Hexagone depuis un an. Les cas sont plus nombreux dans le sud-ouest pour les vaches et dans le nord-est pour les moutons. Un vaccin efficace contre cette maladie est disponible depuis le mois d’août, mais il tarde à être distribué.

TF1

Éleveur de brebis à Vassieux-en-Vercors (Drôme), Fabien Robert a lui perdu 84 brebis en à peine quelques mois. En cause, une autre maladie tropicale transmise par le moucheron culicoïde, la fièvre catarrhale ovine (FCO), aussi appelé la maladie de la langue bleue. Notre équipe l’avait rencontré en août dernier dans son exploitation. « J’ai ramassé des bêtes malades ou mortes tous les jours« , indiquait l’éleveur, déplorant n’avoir reçu aucune aide, y compris au niveau vétérinaire. 

« On nous incite fortement à vacciner. Cependant, on n’arrive pas à avoir accès aux vaccins« , s’agaçait alors l’éleveur. Pour sauver son troupeau, Fabien Robert a dû tout financer de sa poche, « 4200 euros de vaccination et environ 6000 euros de traitement« .

Les 6,4 millions de doses de vaccins fournies gratuitement par l’État, étaient réservés dans un premier temps aux exploitants des régions dites prioritaires, Hauts-de-France, Normandie, Île-de-France, Grand-Est, Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté. Mais face à la propagation de la maladie, la zone de vaccination volontaire prise en charge par l’État a été élargie le 30 août dernier aux régions Auvergne-Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire, ainsi qu’aux départements de l’Ille-et-Vilaine, des Deux-Sèvres, de la Vienne, de la Haute-Vienne, la Creuse et de la Corrèze. 

Mi-septembre, on comptait 1929 foyers répartis dans vingt-deux départements, selon le site du ministère de l’Agriculture. Pour répondre aux besoins, 5,3 millions de doses supplémentaires ont été commandées par l’État. Mais là encore, les doses de vaccins sont distribuées au compte-goutte. Pour ne rien arranger, un autre virus responsable de la fièvre catarrhale ovine (FCO) a fait son apparition pendant l’été. Un premier foyer a été détecté le 5 août dernier dans le département du Nord. Pas de quoi rassurer les éleveurs, déjà durement impactés par les deux épidémies en cours.


Matthieu DELACHARLERY | Reportage TF1 : Maxime Laurent, Fabienne Moncelle

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