Une équipe de chercheurs de l’université de Rome révèle avoir découvert des microplastiques dans le liquide folliculaire d’une quinzaine de femmes.
Les auteurs craignent des répercussions sur la fertilité et plus largement la santé reproductive.
« La gravité de ces effets semble dépendre de la dose » de substances à laquelle les sujets sont exposés, soulignent les scientifiques, qui appellent à mener des recherches plus approfondies.

De recherche en recherche, on découvre l’ampleur du phénomène. Des microplastiques, qui représentent un risque pour la santé de plus en plus étudié (nouvelle fenêtre), ont été découverts dans de nombreux tissus du corps humain. Et pour la première fois, ils ont été retrouvés au niveau d’ovaires, suscitant des inquiétudes quant à l’effet de ces particules sur la fertilité. Les scientifiques y voient même « une menace émergente » pour la santé reproductive des femmes. 

L’étude, publiée dans la revue scientifique Ecotoxicology and Environmental Safety (nouvelle fenêtre), a vérifié la présence de ces microplastiques dans le liquide folliculaire de 18 femmes qui suivaient un traitement pour la procréation assistée, dans une clinique spécialisée de Salerne, en Italie. Les follicules se situent dans les ovaires : ils renferment des ovocytes, qui donneront ensuite des ovules après maturation, et baignent dans ce liquide dit folliculaire. Ils sont impliqués dans le processus d’ovulation. 

La présence de microplastiques a été détecté dans 14 cas sur 18, révèle l’étude. « Les microplastiques peuvent pénétrer dans les ovaires par la circulation sanguine et atteindre les cellules de la granulosa », la partie qui entoure les ovocytes, note le document. Des résultats « très alarmants », s’est inquiété Luigi Montano, chercheur à l’université de Rome et auteur principal de l’étude, cité par le journal britannique The Guardian (nouvelle fenêtre)

Un « signal d’alarme important » pour le « système reproducteur féminin »

« Cette découverte devrait constituer un signal d’alarme important sur le caractère invasif de ces contaminants émergents dans le système reproducteur féminin », a insisté l’étude, qui rappelle au passage que « plus de 400 millions de tonnes de plastique (nouvelle fenêtre) sont produites » chaque année, et que ce chiffre devrait atteindre « probablement 1,1 milliard de tonnes d’ici 2050 »

Pour cause, le liquide folliculaire joue un rôle dans le développement des ovules. Les auteurs estiment donc que cette contamination a très probablement des répercussions sur la fertilité (nouvelle fenêtre), l’équilibre hormonal mais aussi la santé reproductive de manière générale. L’étude souligne ainsi une « présence possible de corrélation entre la concentration de microplastiques » et la santé reproductive des femmes qui ont pris part à ces travaux. 

Microplastiques : ils sont partoutSource : JT 20h WE

Et des études menées sur des animaux ne font que renforcer ces craintes. Certaines ont par exemple établi un lien entre la présence de microplastiques et des dysfonctionnements ovariens et des problèmes de santé, notamment une maturation réduite des ovocytes ou encore une baisse de la capacité de fécondation. Des travaux menés sur des souris ont aussi constaté des altérations du tissu ovarien.

Les auteurs de l’étude sur le liquide folliculaire appellent désormais à mener des recherches approfondies pour comprendre « les conséquences à long terme de l’exposition aux microplastiques (nouvelle fenêtre)« . « La gravité de ces effets semble dépendre de la dose », relève l’étude, insistant sur « la nécessité de comprendre les seuils spécifiques d’exposition » à partir desquels cela peut « entraîner des dommages irréversibles pour la fertilité féminine ». « Il est essentiel de continuer à explorer la manière dont ces substances affectent le système reproducteur féminin », et de réfléchir à comment « atténuer leur impact », insistent-ils.

Des microplastiques également retrouvés dans le sperme humain

L’étude a été menée dans le cadre d’un projet scientifique plus large, qui a déjà mené à détecter des microplastiques dans l’urine et dans le sperme humains. Pour Luigi Montano, ces particules joueraient un rôle dans la chute du nombre de spermatozoïdes (nouvelle fenêtre) et de la baisse de la qualité du sperme en général, des phénomènes documentés (nouvelle fenêtre) ces dernières années. « Nous avons prouvé cette baisse, en particulier dans les régions où la pollution est importante », a-t-il déclaré au Guardian.

Plus largement, au fil des recherches ces dernières années, des microplastiques ont été retrouvés dans de nombreuses autres parties du corps. Ils pourraient même se loger dans le cerveau (nouvelle fenêtre), selon une étude de chercheurs américains de l’Université du Nouveau-Mexique publiée en février dernier. 

Si ces microplastiques sont omniprésents dans l’environnement, ils se retrouvent particulièrement dans les aliments et les boissons. L’équipe du chercheur Luigi Montano se penche d’ailleurs également sur la manière dont une utilisation moindre de plastique (nouvelle fenêtre) en cuisine ou l’adoption d’un régime bio pourrait limiter le risque d’ingestion de ces particules. 

Pour l’heure, il semble d’ores et déjà que limiter les emballages et ustensiles en plastique permette de réduire l’exposition à ces microplastiques. Certains réflexes peuvent aussi s’avérer utiles : ne pas chauffer un récipient en plastique, ne pas mettre des aliments chauds à l’intérieur, ou encore ne pas utiliser d’ustensiles en plastique contre une poêle chaude, égrène The Guardian

M.L.

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