
Dans la salle de musique du Lieu unique, à Nantes, une centaine de personnes ferment les yeux. Elles s’imprègnent des sons diffusés par haut-parleur. De l’eau qui coule, des crépitements. « C’est le sable qui sèche après le reflux du fleuve », note l’artiste Ronan Moinet à propos de ces bruits qu’il a captés un matin d’octobre.
« Loire est le héros de cette assemblée. Je lui donne la parole. » Dans cet espace, l’usage de l’article tombe devant le nom du fleuve, signe qu’il est considéré ici comme une personne et non plus comme un objet.
Cette soirée du 29 novembre constitue la dernière étape du projet « Vers une internationale des rivières ». Elaborée par l’écrivain Camille de Toledo avec l’Institut d’études avancées (IEA) de Nantes, cette démarche a permis à douze citoyens de la ville et de ses environs de se familiariser depuis deux ans et demi avec les droits de la nature.
Partout dans le monde, cette nouvelle façon de considérer et de défendre l’environnement gagne du terrain : fleuves, rivières et cours d’eau se voient octroyer une personnalité juridique, manière de souligner les liens qui unissent humains et non-humains, mais surtout de pouvoir mieux plaider leur cause devant les tribunaux.
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