Ce 20 janvier, la neige mêlée de pluie n’a pas découragé des dizaines d’Afghans de se rendre, souvent de tout l’Afghanistan, à l’hôpital français de Kaboul. Au pavillon de La Chaîne de l’espoir, l’organisation non gouvernementale (ONG) internationale qui veille sur cet établissement spécialisé dans l’accueil des enfants et des mères, ils sont là, si nombreux, à attendre. Les soins sont gratuits et l’hôpital est une référence dans tout le pays, le seul à pratiquer des opérations à cœur ouvert et à faire de la réanimation néonatale. Dans les couloirs, on aperçoit aussi les agents du ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice. Ils veillent à la stricte séparation des hommes et des femmes, parmi les patients comme le personnel, et au respect de la loi islamique. Sous leur pression, à l’entrée principale, la direction a dû masquer d’une bâche blanche l’immense fresque montrant une femme tenant un enfant dans ses bras.

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« L’afflux de malades augmente, c’est un tsunami, confirme Eric Cheysson, président de La Chaîne de l’espoir et cofondateur de Médecins du monde. La Croix-Rouge internationale se retire peu à peu du pays. Médecins sans frontières [MSF] nous renvoie de plus en plus de cas. La politique antifemme des talibans assèche le pays en personnel féminin de santé et les centres médicaux ferment les uns après les autres. »

L’hôpital n’est pas épargné. Tout d’abord par la fuite des cerveaux : sur neuf réanimateurs, huit sont partis et deux chirurgiennes afghanes ont préféré aller travailler aux Etats-Unis. Mais surtout par le manque de femmes : « Sur les 280 recensées parmi nos 960 salariés, 156 ont quitté l’établissement. C’est un cauchemar », lâche, M. Cheysson pour qui l’Afghanistan est victime « d’un féminicide social ».

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