À Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, ancienne cité minière frappée par la pauvreté, le bénévolat irrigue la vie quotidienne.
Ici, pas de grands moyens, mais une énergie collective hors du commun : les habitants s’engagent, créent, plantent, bâtissent et soutiennent les plus fragiles.
Portée par le principe du « 50-50 », cette ville de 7.000 habitants fait la démonstration qu’une commune peut se réinventer… à force de mains tendues.

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Initiatives environnementales

À Loos-en-Gohelle, un ancien bassin minier situé près de Lens, peuplé de 7.000 habitants, la ville héberge près de 80 associations, comme celle, filmée dans le sujet du 20H ci-dessus, chargée d’une fête municipale prévue dans deux semaines. Leur objectif : confectionner un char qui devra être recouvert de 40.000 fleurs en papier crépon. Ces personnes sont les petites mains, toujours prêtes à donner de leur temps dès qu’on les sollicite. Depuis 40 ans, elles répondent présentes : « Dès qu’on nous appelle, on vient », confie l’une d’elles dans le reportage du 20H.

Cette forme de bénévolat, c’est un peu l’esprit « Lossois », qu’on ne retrouve pas forcément cela dans les autres villes. Soit le principe du « 50-50 ». À Loos-en-Gohelle, la mairie encourage l’investissement citoyen avec un système donnant-donnant, hérité de maires engagés. C’est presque devenu un principe de gestion de la commune. Le « 50-50 », cela signifie que chacun peut proposer un projet pour la ville : la mairie finance, mais ce sont les citoyens qui mettent la main à la pâte, bénévolement, comme planter un arbre et des fleurs dans la cour d’une école pour la rafraichir. 

Ce sont des parents d’élèves qui ont cassé les 120 mètres carrés de bitume en juillet dernier, avec des outils prêtés par les services techniques de la ville. Comme le résume un habitant : « Les parents d’élèves ont mis les bras, les élèves ont mis l’imagination. » Le projet a coûté 35 000 euros à la mairie, soit cinq fois moins cher que d’autres îlots végétaux dans les villes voisines.

Moi qui suis à la retraite, je trouverai ça inadmissible de rester chez moi à regarder la télé.

Victor, bénévole

 Loos-en-Gohelle est l’une des plus pauvres de France. Les mines ont fermé en 1986, et l’économie ne s’est jamais vraiment relevée. Si les habitants veulent du changement, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Aujourd’hui, 20 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Victor, sollicité dans le sujet, a donc fondé une petite association il y a cinq ans pour apporter de l’aide alimentaire à plus de 500 familles : « Je fais 12 heures par jour, de 6h du matin à 18h ou 19h le soir, y compris samedi et dimanche (…) Moi qui suis à la retraite, je trouverai ça inadmissible de rester chez moi à regarder la télé. Mon voisin, lui, a besoin. » La solidarité repose sur une génération qui voit le travail comme un épanouissement, même sans salaire.

Subsiste une question qui se posera un jour : la relève est-elle assurée par les générations futures ? Au niveau national, on observe une baisse du nombre de bénévoles, notamment chez les plus de 65 ans. Dans le même temps, de plus en plus de jeunes s’engagent, mais le problème, c’est qu’ils ont souvent moins de temps à consacrer et prennent moins de responsabilités dans les associations. Sans bénévoles, pas de foot amateur, pas d’entraînement le mardi, pas de match le samedi. Le club de foot local ne tient que grâce à une vingtaine de fidèles, appelés ici des clubistes. Il mise donc sur la transmission.

Ce qui revient toujours dans cette ville, c’est la fierté : celle de porter les couleurs de la ville, d’en améliorer le quotidien et de célébrer son histoire, à l’image de la fanfare de la ville, une association parmi les plus réputées du Pas-de-Calais… depuis 140 ans.

La rédaction de TF1info | Reportage : Joséphine DE FRANQUEVILLE et Alice MOUCHARD

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