« Le style, c’est l’homme. » S’il fallait d’une formule résumer ce que fut le pontificat du pape François, ce serait celle-là. Dès son apparition au balcon de Saint-Pierre, [en 2013], celui qui venait de choisir le nom de François en référence au pauvre d’Assise a imposé un style et un ton inédits. Un simple « bonsoir », une demande de prière pour lui-même avant de bénir la foule, le refus d’occuper les appartements pontificaux : ces premiers gestes ne relèvent pas d’un simple artifice de communication. Au cours de ces douze années, François a assumé cette rupture en incarnant une papauté plus proche, plus humble, autrement dit, plus proche du message des Evangiles.
Le message est simple et compréhensible par tous : le pape est au service des plus faibles et des plus vulnérables, parce qu’ils sont au cœur de l’Evangile. Ceux que le monde perçoit comme des « derniers » sont les premiers dans le cœur de Dieu. Jean Paul II avait voulu restaurer une forme de puissance et d’autorité de l’Eglise catholique, Benoît XVI était du côté de la rigueur et de la raison, au risque de la rigidité. François est celui qui se penche vers les plus pauvres, vers le Sud et ce qu’il nomme « les périphéries », et il leur dit : « Dieu est de votre côté. »
Sa manière d’être, sans faste, sans apprêt, a amplement contribué à restaurer une image positive de la papauté dans les opinions publiques mondiales. En revanche, il a déçu, voire irrité, ceux pour qui le catholicisme est une identité qu’il est de leur devoir de protéger.
Dès juillet 2013, lors de son voyage à Lampedusa, il donne le ton. En jetant une couronne de fleurs à la mer, il rend hommage aux milliers de migrants morts en tentant de traverser la Méditerranée et dénonce « la mondialisation de l’indifférence ». C’est une prise de position spirituelle et morale. Depuis lors, sans relâche, il condamne les politiques migratoires restrictives, fustige l’égoïsme des nations riches du Nord et prêche à temps et à contretemps un devoir d’hospitalité inconditionnel. On lui reproche de faire de la politique, il rétorque qu’il s’agit de l’Evangile.
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