Jusqu’aux élections américaines, les pays qui représentaient les dangers les plus immédiats pour la sécurité économique européenne étaient la Russie et la Chine. Désormais, c’est le futur gouvernement américain qui fait peser la plus grande menace sur la nouvelle stratégie de l’Union européenne (UE) en la matière.

Dans leur combat contre le géant chinois, les Etats-Unis ont montré à l’Europe deux visages d’apparence opposée : l’un coercitif, l’autre coopératif. D’abord, sous la première administration Trump [2017-2021], alors que la guerre commerciale entre Washington et Pékin allait crescendo, les Etats-Unis ont contraint, non sans quelques manœuvres d’intimidation, les gouvernements et les entreprises d’Europe à prendre part à leur politique de découplage vis-à-vis de la Chine. Ils ont notamment poussé les gouvernements européens à adopter des restrictions contre Huawei, le grand fournisseur chinois d’infrastructures 5G. Ensuite, sous l’administration Biden, les Etats-Unis ont tourné le dos à ces méthodes purement coercitives. Ils ont préféré la voie diplomatique, optant pour une coopération avec l’Europe, au nom d’une sécurité économique partagée et d’une atténuation des risques avec la Chine.

Parmi les adeptes de la méthode Biden, d’aucuns soulignent l’efficacité de sa coopération avec les Pays-Bas et le Japon pour contrôler les exportations de semi-conducteurs vers la Chine. Cela dit, même cet exemple positif de collaboration diplomatique n’est pas exempt de turbulences. Quel qu’ait été le vainqueur des élections, il était probable que les Etats-Unis n’auraient pas réduit la liste, toujours plus longue, toujours plus politique, d’éléments touchant à la « sécurité » qu’ils jugent préoccupants : une liste déterminante pour leur approche en ce qui concerne la sécurité économique. Du reste, même les pays les plus disposés à collaborer avec les Etats-Unis ont des réalités économiques et des visions des risques différentes des leurs. Le fait est qu’un fossé sépare souvent leurs intérêts de ceux des Américains.

Une contrainte lourde

L’exemple des Pays-Bas donne une vision claire de la divergence de ces réalités économiques. Pendant le premier mandat Trump, les Etats-Unis ont commencé à restreindre l’accès de la Chine aux semi-conducteurs avancés et aux technologies connexes. Ils ont entraîné dans leur croisade non seulement des pays producteurs de puces, comme Taïwan et la Corée du Sud, mais aussi des pays qui fabriquent les équipements nécessaires à leur production, tels que les Pays-Bas. Ainsi, en 2018, l’administration Trump a ouvert des discussions avec le gouvernement néerlandais en vue de limiter les exportations de l’équipementier ASML, premier fabricant mondial de machines de production de puces. Résultat, un an plus tard, le gouvernement néerlandais mettait fin aux exportations des machines les plus avancées d’ASML vers la Chine. Par la suite, sous Biden, les Etats-Unis ont maintenu leur pression sur les Pays-Bas et obtenu de nouvelles restrictions sur les ventes d’ASML en Chine.

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