Le temps de l’indulgence est révolu. Devant le déficit public persistant, la montée de la dette et surtout l’instabilité politique qui complique tout plan de redressement vigoureux, la société américaine Fitch s’est résolue, vendredi 12 septembre, à sanctionner la France. Elle a abaissé d’un cran la note accordée à la dette publique tricolore, passant de AA− à A+, l’équivalent d’un 16 sur 20. Nommé mardi soir à Matignon, Sébastien Lecornu n’aura pas connu le moindre état de grâce.
La France avait déjà perdu son « triple A », la meilleure note possible, signe d’une solidité financière à toute épreuve, en 2012 et 2013, selon les agences. Une douzaine d’années après ce traumatisme, voici que, pour la première fois, elle se voit privée de son « double A » par une des trois grandes agences mondiales de notation. La France s’éloigne ainsi de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Finlande, du Luxembourg et des Pays-Bas, les cinq pays de la zone euro qui bénéficient encore du « triple A » chez Fitch. Elle se retrouve reléguée au même niveau que l’Estonie, Malte, l’Arabie saoudite ou la Chine.
Le gouvernement démissionnaire a immédiatement « pris acte » de cette mauvaise nouvelle. Pour Sébastien Lecornu et son futur gouvernement, la sanction ne peut que constituer un aiguillon supplémentaire pour trouver un accord sur le budget et assainir au plus vite les finances publiques, malgré l’absence de majorité à l’Assemblée nationale.
Doutes sur la capacité à payer de l’Etat
La décision de Fitch n’a rien d’anecdotique. Symboliquement, d’abord, elle confirme le déclin français. Elle matérialise les déboires politico-financiers du pays, qui, ces dernières années, s’est enfoncé dans les difficultés budgétaires sans réagir de façon forte, ni tenir les promesses de rétablissement faites par les gouvernements successifs.
Alimentée par un déficit public massif, l’un des plus élevés de l’Union européenne, la dette française s’alourdit d’année en année. De 20 % de la richesse nationale en 1980, elle est montée à 60 % en 2000, puis 114 % aujourd’hui, et risque de dépasser les 120 % en 2030. En valeur absolue, elle atteignait, fin mars, 3 346 milliards d’euros, selon l’Insee. Des milliards qu’il faudra bien rembourser un jour, et dont les intérêts mangent une partie croissante du budget. Dans ces conditions, les agences comme les investisseurs commencent à s’interroger sur la capacité de l’Etat à payer tout ce qu’il doit en temps et en heure. « La dette française reste de très bonne qualité », relativise Hadrien Camatte, de Natixis. Mais elle n’est plus de toute première qualité.
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