Une étude de Climate Central met en lumière les dangers de la hausse des températures pour les femmes enceintes.
Les chaleurs extrêmes favorisent notamment l’hypertension et les naissances prématurées.
Au cours des 5 dernières années, la France a connu environ 17 jours supplémentaires « d’extrême chaleur, à risque pour la grossesse ».

Une alerte à prendre au sérieux. Dans une étude publiée mercredi 14 mai, Climate Central (nouvelle fenêtre) tire la sonnette d’alarme sur les dangereux effets du changement climatique pour les femmes enceintes. Avec une hausse des températures moyennes mondiales et des épisodes de chaleur extrême plus courants et plus intenses, la crise actuelle entraîne une augmentation des risques pour les futures mères et leurs enfants, les chercheurs prévenant de l’impact « préoccupant de la chaleur extrême sur la grossesse ».

Selon l’organisation, ces jours de « chaleur extrême » – qui correspondent aux jours où la température dépasse de 95% les températures locales habituelles – entraînent un risque plus élevé de complications pour les femmes enceintes comme l’hypertension, le diabète gestationnel, les hospitalisations maternelles et la morbidité maternelle sévère. Cette hausse de la température « est également associée à un risque accru d’issues défavorables telles que la mortinatalité (qui désigne la mort d’un fœtus après 22 semaines d’aménorrhée (ou pesant plus de 500 g) avant ou pendant l’accouchement, ndlr) et la naissance prématurée », pointe l’étude relayée en France par l’association Conséquences (nouvelle fenêtre)

Si ces risques sont particulièrement présents dans les Caraïbes, en Amérique centrale, en Amérique du Sud, dans les îles du Pacifique, en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne, l’Hexagone n’est pas épargné. Selon Climate Central, au cours des cinq dernières années, la France a connu en moyenne 17 jours supplémentaires d’extrême chaleur à risque pour la grossesse chaque année. 

Le sud particulièrement à risque

Entre 2020 et 2024, le changement climatique a été responsable de plus de 60% de ces jours où le mercure met en danger les futures mères et leur enfant (17 sur 28 jours). Le sud de la France est le plus touché. Sur cette période, c’est en Corse que les femmes enceintes sont les plus à risque avec 43 jours de chaleurs dangereuses observés chaque année, dont 28 attribués au changement climatique (soit 65%), devant la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (38, 24 – 63%), l’Occitanie (32, 21 – 66%) et Auvergne-Rhône-Alpes (31, 20 – 65%).

Suivent la Bretagne (27, 14 – 52%), devant la Bourgogne, l’Île-de-France et la Nouvelle-Aquitaine (26, 16 – 62%) et la Normandie (26, 14 – 54%).

Carte des régions les plus touchées par les jours de chaleurs extrêmes entre 2020 et 2024 – Climate Central

Concernant les autres régions, le Centre-Val de Loire enregistre chaque année 25 jours de chaleurs extrêmes dont 15 attribués au changement climatique (60%), devant les Hauts-de-France (25, 14 – 56%), les Pays de la Loire (25, 13 – 52%) et le Grand Est (24, 15 – 63%). 

« L’étude de notre partenaire Climate Central rappelle en étudiant les données de ces cinq dernières années que le changement climatique a déjà augmenté dans de nombreux pays la vulnérabilité des femmes enceintes, des enfants à naître, avec l’augmentation du nombre de jours à risque, rappelle dans un communiqué Sylvain Trottier, directeur de Conséquences. En France, les études épidémiologiques en santé publique ont documenté les incidences des périodes de chaleur anormale sur la santé des femmes enceintes, le développement des fœtus, la prématurité ».

Selon les données compilées par deux chercheuses de l’Inserm, Johanna Lepeule et Lucie Adélaïde, qui étudient les impacts de la chaleur sur la santé des femmes enceintes au sein de cohortes mères-enfants françaises, un tiers d’entre elles sont fortement exposées à la chaleur dans le pays ainsi qu’à des périodes de plusieurs jours de fortes températures, plusieurs fois au cours de leur grossesse. Des données qui entraînent, selon leurs travaux, « des risques accrus concernant la prématurité et le développement pulmonaire et neurologique, avec parfois des effets plus marqués selon le sexe de l’enfant », pointe Johanna Lepeule, directrice de recherche.

Annick BERGER

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