Le procès de l’affaire « Carton rouge » débute à Nancy, ce lundi 21 octobre.
Vingt-deux prévenus comparaissent au Centre des congrès, réquisitionné pour l’occasion, pour des faits d’escroquerie en bande organisée.
Plus de 1200 personnes ou entités, dont une douzaine de clubs de football, ont été victimes de ces arnaques aux crypto-monnaies ou aux diamants.

Suivez la couverture complète

LE WE 20H

Un réseau tentaculaire, une arnaque aux crypto-monnaies ou aux diamants, près de 28 millions d’euros de préjudice et quelque 1200 victimes… Le procès « Carton rouge » s’ouvre, lundi 21 octobre à Nancy. Pour l’occasion, le Centre des congrès de la ville a été réquisitionné, le tribunal étant trop exigu pour accueillir toutes les parties. Pendant plus de trois semaines, 22 escrocs présumés, âgés de 28 à 73 ans, vont être jugés pour des faits dignes d’un polar. 

Ils sont soupçonnés de multiples arnaques, de la vente de faux diamants à des escroqueries au bitcoin, se faisant même passer pour de faux agents de footballeurs afin de toucher leur salaire. Les prévenus encourent jusqu’à 10 ans de prison. Trois autres individus sont en fuite et font l’objet d’un mandat d’arrêt international. Six autres mis en cause dans cette affaire ont accepté avant l’audience une procédure dite du plaider coupable (CRPC). 

Beaucoup des victimes ont vu leurs finances bouleversées, perdu une grande partie de leurs économies

Cabinet d’avocats Colman

Certaines victimes ont perdu des sommes importantes. L’une d’entre elles a versé 400.000 euros, croyant avoir investi dans plusieurs lots de diamants ainsi que dans un « plan d’épargne diamants ». « Ce procès est pour nous un signal fort dans la lutte contre les escroqueries financières internationales, écrit dans un communiqué le cabinet d’avocats Colman, qui représente une centaine de victimes. Il marque une étape décisive pour faire entendre la voix des victimes » pour qui « ce procès est l’aboutissement d’un long combat. Beaucoup ont vu leurs finances bouleversées, certaines ayant contracté des dettes ou perdu une grande partie de leurs économies », poursuit-il. 

Une douzaine de clubs de football professionnel ont également été visés par des tentatives d’escroquerie, et trois d’entre eux – Sochaux, Angers et Toulouse, qui évoluaient en Ligue 1 ou 2 en 2017-2018 – ont versé une soixantaine de milliers d’euros. 

« Impossible de retrouver les fonds »

Tout a commencé en Israël, en 2016, quand deux hommes missionnent des complices à Marseille pour créer des sites Internet frauduleux. Les deux malfaiteurs démarchent ensuite des victimes pour leur proposer d’acheter des diamants ou investir dans des cryptomonnaies. Au total, 199 comptes en banque dans 19 pays ont été ouverts « pour collecter et transférer les fonds virés par les victimes », analyse la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs). 

Durant l’instruction, 2,8 millions d’euros ont été saisis ou bloqués. Ils pourraient servir à l’indemnisation des victimes. Toutefois, les malfaiteurs « ont multiplié les sociétés, ils ont multiplié les comptes, ils ont multiplié les numéros de téléphone pour que tout le monde s’y perde » tant et si bien que « c’est impossible de retrouver les fonds et d’identifier où sont les fonds de telle ou telle victime », commente Me Laureen Kraftchik-Lafond, avocate de l’une des 850 parties civiles., sur TF1. Ainsi, « deux enjeux majeurs » se dessinent pour la fédération France Victimes : voir quelle sera « la capacité des accusés à indemniser les victimes » et déterminer « l’éligibilité de celles-ci aux fonds de garantie ».

Ce dossier a une résonance toute particulière à une époque où les arnaques en ligne se multiplient et se diversifient. « Depuis 2018, ces arnaques ont connu un accroissement considérable. Nous gérons actuellement plus de 3500 dossiers avec un préjudice dépassant 400 millions d’euros », note dans un communiqué Guy Grandgirard, président de l’Association de défense des consommateurs de France. Autant dire que ce procès hors norme est scruté de près. 


M.G | Reportage TF1 : Charline HUREL, Guillaume CHIEZE, Marjorie LE MEUR

Partager
Exit mobile version