
A l’été 2024, la vie de ce couple de septuagénaires travaillant ensemble depuis plus de quarante ans a basculé en quelques semaines. « Un jour, mon mari a demandé à notre fille, en me désignant : “Mais qui est cette dame ?”, raconte Marie (son prénom comme celui de son époux ont été changés). Avec moi, Edouard se comportait normalement, mais je le sentais très angoissé. Puis il a commencé à devenir suspicieux, il ne voulait plus que je rencontre le comptable de l’entreprise familiale, alors que je l’avais toujours fait. »
L’ancien chef d’entreprise, atteint d’une maladie de Parkinson peu évolutive depuis une dizaine d’années, finit par dévoiler ses tourments à sa femme. « Pour lui, je n’étais pas son épouse, mais une étrangère qui avait pris mon enveloppe corporelle. Il était aussi convaincu qu’il se passait des choses bizarres dans la maison : il voyait le coq en métal de notre jardin se déplacer, apercevait des personnages un peu monstrueux et beaucoup de personnes inconnues dans le salon », se souvient Marie.
Persuadée que son mari « perd la raison », elle l’amène en consultation pour la première fois chez Mathieu Anheim, neurologue au centre hospitalier universitaire (CHU) de Strasbourg et spécialiste de la maladie de Parkinson. En entendant son récit, il a posé immédiatement le diagnostic : syndrome de Capgras ou délire d’illusion des sosies. Un soulagement pour Marie, d’autant qu’un traitement par antipsychotique à petite dose a « totalement effacé » les symptômes perturbants d’Edouard.
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