Le président des Etats-Unis, Donald Trump, et son homologue argentin, Javier Milei, à la Maison Blanche, le 14 octobre 2025.

« S’il ne gagne pas, nous partons » : Donald Trump a menacé, mardi 14 octobre, de couper les vivres à l’Argentine si son allié, le président ultralibéral, Javier Milei, était défait lors des élections législatives de la fin du mois.

« Je soutiens cet homme parce que sa philosophie est la bonne », a dit le président des Etats-Unis à l’occasion d’une visite de son homologue argentin à la Maison Blanche. « Je pense qu’il va gagner », a-t-il poursuivi. « S’il gagne nous restons avec lui (…). Nos soutiens sont d’une certaine manière liés à qui remporte l’élection. »

Le message est on ne peut plus clair, alors que les Etats-Unis viennent de donner une bouffée d’oxygène à la troisième économie d’Amérique latine, malmenée sur les marchés financiers. Le Trésor américain a annoncé jeudi un échange bilatéral de devises, dit « swap », de 20 milliards de dollars et une intervention directe sur le marché des changes pour soutenir un peso sous pression, soulageant ainsi les réserves de la Banque centrale argentine.

L’annonce chiffrée est intervenue alors que les Etats-Unis commencent à sentir les effets d’une paralysie budgétaire qui entre dans sa troisième semaine, en raison d’un blocage parlementaire qui ne semble pas près de se dénouer. Elle contraste aussi avec la décision du gouvernement Trump de tailler massivement dans l’aide internationale au nom de la doctrine « America First » (« l’Amérique d’abord »).

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Le coup de pouce de la première puissance mondiale a raffermi le peso argentin, qui avait dégringolé la semaine dernière. Vers 21 h 20, il reculait de 0,54 % face au dollar, qui s’échangeait contre 1 356 pesos. Il a perdu 23 % depuis le début de l’année, bien qu’il se soit légèrement redressé depuis un mois, du fait du coup de pouce de Washington.

Le soutien américain intervient à un moment critique pour le président argentin. Le 26 octobre, il fera face à des élections législatives de mi-mandat à l’issue indécise, qui vont déterminer sa marge de manœuvre parlementaire et sa capacité à gouverner pour les deux dernières années de son mandat.

« Le jardin de personne »

L’incertitude liée au scrutin et au maintien ou non de sa politique d’austérité avait mis l’économie argentine à la merci de turbulences financières, ces dernières semaines. « Les Etats-Unis ont perçu cette attaque contre l’Argentine, contre les idées de liberté, contre un allié stratégique, c’est pourquoi ils nous ont apporté leur soutien », s’est félicité lundi M. Milei.

Pour l’économiste et ancien président de la Banque centrale Martin Redrado, il s’agit purement « d’une assistance financière, d’une nouvelle passerelle », après le prêt de 20 milliards de dollars accordé en avril par le Fonds monétaire international. « Mais l’Argentine ne peut pas aller de passerelle en passerelle », estime-t-il, d’où l’importance, après l’élection, d’adopter « un programme législatif pour s’attaquer aux problèmes de production et d’emploi », dans un pays où il est à 40 % informel. La part d’emplois « formels » ne croît plus depuis 2011.

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Outre l’Argentine, le président américain s’est félicité de voir un certain nombre de pays d’Amérique latine se rapprocher des Etats-Unis. « Il y a tellement de pays qui viennent vers nous », s’est-il réjoui.

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Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a abondé dans son sens, en parlant de « huit ou neuf, dix pays, l’Argentine en tête, qui se sont alignés sur les Etats-Unis sur un sujet après l’autre lors d’événements internationaux ». Il a mentionné spécifiquement le Costa Rica et le Salvador.

Le secrétaire d’Etat, qui participait à la réunion avec le président argentin, a jugé que « l’une des évolutions les plus prometteuses » était la tenue, dimanche, d’une élection présidentielle en Bolivie. Elle verra s’affronter deux candidats de droite, après vingt ans de gouvernements de gauche.

Donald Trump et Javier Milei n’ont pas évoqué devant la presse de possibles contreparties à l’aide américaine. Le président argentin a nié à plusieurs reprises que les Etats-Unis aient demandé la fin de l’accord d’échange de devises entre l’Argentine et la Chine, renouvelé en 2024. L’ambassade de Chine en Argentine a averti ce week-end que les Etats-Unis « devaient comprendre que l’Amérique latine et les Caraïbes ne sont le jardin de personne ».

Le Monde avec AFP

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