Le président américain, Donald Trump, n’est pas connu pour son respect de la science et de l’histoire. Qu’il s’agisse de promouvoir des traitements non reconnus contre le Covid-19, ou de faire valoir avec insistance que toute discussion relative à des épisodes peu glorieux de l’histoire des Etats-Unis constituerait une source de « division », Trump préfère manipuler ces deux domaines à des fins politiques. Ce qu’il ne réalise sans doute pas, c’est que, lorsqu’il évoque avec nostalgie la « grandeur » historique de l’Amérique, il fait généralement référence à un passé au cours duquel les Etats-Unis étaient faibles sur l’échiquier géopolitique.

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La manière dont Trump invoque la doctrine Monroe en constitue l’une des illustrations. Lorsque le président James Monroe (1758-1831) proclame, en 1823, que l’hémisphère ouest correspond à la zone d’influence exclusive des Etats-Unis, le pays est encore loin du statut de puissance mondiale.

Et bien que cette doctrine ait été évoquée depuis lors pour justifier les interventions et l’impérialisme de l’Amérique, la vision originelle de Monroe visait à tenir à distance le colonialisme européen – certainement pas à sous-tendre les velléités trumpiennes de souveraineté des Etats-Unis sur le Canada, le Groenland et le canal de Panama, qui légitiment par ailleurs les tentatives d’autres puissances (Israël et la Turquie en Syrie, la Russie en Ukraine…) cherchant à s’emparer de territoires par la force.

Profonde méconnaissance

De même, Trump justifie son utilisation de droits de douane élevés en les présentant comme l’une des caractéristiques de l’« âge doré » américain, période au cours de laquelle l’industrialisation rapide a alimenté la prospérité aux Etats-Unis. Or, ici encore, le président américain fait référence à un passé – de la fin des années 1870 jusqu’au début des années 1900 – au cours duquel le poids des Etats-Unis était encore modeste. Puissance économique montante, le pays était loin d’être au sommet de sa richesse. Et, à cette époque, les inégalités économiques atteignaient leur paroxysme.

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