L’ancienne actrice de films pornographiques Stephanie Clifford, surnommée Stormy Daniels, à New York, le 16 avril 2018.

Ce détail ne surprendra personne, parmi les observateurs de la trajectoire de Donald Trump. Sa relation sexuelle avec l’actrice de films X Stormy Daniels, à l’origine du procès qui s’est ouvert à New York lundi 15 avril, avait eu lieu en 2006 alors que la troisième épouse de l’homme d’affaires, Melania, venait d’accoucher. Donald Trump nie cette incartade, comme toutes les autres, mais sa vie entière d’adulte projette l’image d’un homme fidèle exclusivement à son appétit de conquête.

Dans la litanie des scandales qui l’escortent depuis des décennies, Roberta Kaplan occupera à jamais une place à part. Cette illustre avocate new-yorkaise, spécialiste du droit des entreprises, a représenté de prestigieuses universités et s’est beaucoup investie dans la défense du mariage homosexuel. Mais elle est dorénavant associée à une cliente célèbre : l’ancienne chroniqueuse de presse E. Jean Carroll.

Propos sexistes et méprisants

En 2023, puis 2024, Roberta Kaplan a obtenu la condamnation de Donald Trump au civil pour agression sexuelle et diffamation contre l’écrivaine, obtenant 5 millions, puis 83,3 millions de dollars (environ 78 millions d’euros) de dédommagements. Soit la première brèche majeure dans l’impunité dont a toujours semblé bénéficier l’entrepreneur de 77 ans, qui raconte à la fois la vérité d’un homme, un parcours et une époque, celle précédant le mouvement #metoo.

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En octobre 2022, Roberta Kaplan s’était rendue dans la résidence de Mar-a-Lago, en Floride, pour questionner Donald Trump sous serment. Avait-il violé E. Jean Carroll fin 1995 ou début 1996, dans le magasin de luxe Bergdorf Goodman, sur la Ve Avenue, non loin de la Trump Tower ? « Elle n’est pas mon genre », avait rétorqué l’ex-président, selon le New York Times. Avant de pointer le doigt vers l’avocate, assise face à lui. « Vous ne seriez pas non plus l’un de mes choix, pour être honnête avec vous, ajouta-t-il. Quelles que soient les circonstances, vous ne m’intéresseriez pas. »

Objet de désir, trophée ou figure hostile et malfaisante : ainsi se présentent les femmes aux yeux de Donald Trump. Au-delà de l’importance des réparations décidées par la justice, Roberta Kaplan a réussi une forme de prouesse : celle d’obliger l’ancien président – deux fois divorcé, souvent infidèle, longtemps entouré de mannequins – à rendre des comptes au sujet de ses relations toxiques avec l’autre sexe. Il a aussi tenu des dizaines de propos sexistes, méprisants ou violents contre des rivales, comme Hillary Clinton, contre des magistrates ou contre des victimes l’accusant d’agressions.

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