La première journée du second mandat de Donald Trump, lundi 20 janvier, a souvent mis en concurrence les mots et les actes, traduits par un feu roulant de décrets présidentiels. Les premiers, prononcés au sein même du Congrès des Etats-Unis, où ses partisans avaient tenté un coup de force pour le maintenir au pouvoir le 6 janvier 2021, ont oscillé entre un volontarisme rassembleur et une rhétorique agressive à l’endroit de ses adversaires qui l’a démenti.

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Il a promis un « âge d’or » et tracé la perspective de la bannière étoilée sur la planète Mars, assurant que sa seule arrivée à la Maison Blanche met un terme à un « déclin » pourtant largement contredit par l’état de l’économie dont il hérite. Jugeant nécessaire de se présenter, après la tentative d’assassinat dont il avait été la cible pendant la campagne présidentielle, comme « sauvé par Dieu pour rendre à l’Amérique sa grandeur », le républicain a également dépeint son pays, sous son égide, comme « une nation à nulle autre pareille, pleine de compassion, de courage et d’exceptionnalisme », dont la « puissance mettra fin à toutes les guerres et apportera un nouvel esprit d’unité à un monde en colère, violent et totalement imprévisible ».

Ces efforts de lyrisme ont cependant lutté avec un revanchisme difficilement contenu qui a souligné la difficulté de Donald Trump à s’élever au-dessus des contingences. La matière de certains décrets présidentiels signés à la chaîne après la prestation de serment l’a confirmé. En évoquant un jour de « libération », le républicain ne s’est adressé en fait qu’à son camp.

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Négationnisme climatique

Il a d’ailleurs joint le geste à la parole en accordant une grâce présidentielle à la quasi-totalité des émeutiers du 6 janvier, poursuivis, jugés et condamnés par la justice. Alors que le nouveau président prône la liberté, les femmes sont privées depuis 2022 du droit fédéral à l’avortement, du fait des républicains. De la même manière, les personnes transgenres sont sommées désormais autoritairement de s’identifier par leur sexe de naissance. Donald Trump a également engagé l’administration dont il prend la charge dans une vaste entreprise de suppression des programmes destinés à favoriser l’inclusion et la diversité, comme pour conjurer la fin inéluctable de la majorité blanche aux Etats-Unis, une échéance qui taraude son électorat.

Au-delà de ces marqueurs identitaires, Donald Trump a laissé surtout entrevoir quel usage extensif il entend faire de la force que lui donne sa réélection, doublée d’une connaissance des rouages de l’Etat fédéral dont il était dépourvu au début de son premier mandat. Il n’est pas dit que ce qui reste de l’ordre international mis en place par les Etats-Unis au sortir de la seconde guerre mondiale puisse y survivre. Donald Trump a confirmé son rejet du multilatéralisme avec une nouvelle sortie des accords de Paris qui va de pair avec son négationnisme climatique, puis un retrait de l’Organisation mondiale de la santé, et répété sa volonté néo-impériale à propos du canal de Panama, dont il entend « reprendre » le contrôle, au mépris de toutes les conventions.

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L’épreuve de force commencera pourtant avec les institutions américaines, l’avalanche de décrets témoignant de la tentation d’un pouvoir exécutif sans entraves. En voulant revenir sur le droit du sol garanti par le 14e amendement de la Constitution, Donald Trump a porté le premier coup à ce qu’il venait de jurer défendre.

Le Monde

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