En dépit de l’incrédulité générale, Donald Trump a finalement déclenché une guerre commerciale en décrétant des droits de douane tous azimuts. Ou plutôt une drôle de guerre, aux buts changeants en fonction de l’ennemi désigné, rythmée par des chantages, des revirements brutaux et des délais de grâce à géométrie variable. Un sentiment de pagaille s’installe. Le fait du prince semble avoir pris le dessus sur toute rationalité économique. La méthode comme la justification posent question.
Des droits de douane de 25 % sur les exportations canadiennes et mexicaines à destination des Etats-Unis devaient entrer en vigueur dès mardi 4 mars, avant que l’application ne soit reportée au 2 avril. Déjà, un premier report avait été décidé en février. Celles venant de Chine sont frappées à un taux de 20 %, jusqu’à nouvel ordre, tandis que l’Union européenne ne sait toujours pas quel régime lui sera appliqué, mais les Vingt-Sept savent qu’ils ne payent rien pour attendre. L’agriculture, l’acier et l’aluminium vont être à leur tour concernés, sans parler des « droits de douane réciproques », sorte de loi du talion, dont on ne connaît ni les tenants ni les aboutissants.
Ça va bien se passer, assure le président des Etats-Unis, qui prévoit « un peu de perturbation, mais ça nous va. Il n’y en aura pas beaucoup ». Cette méthode Coué ne trompe personne : entre les anticipations d’inflation, le recul de Wall Street, la perturbation des chaînes de production, les mesures de rétorsion contre les Etats-Unis et la confiance des ménages américains qui flanche, les dégâts sont déjà là.
Une balle dans le pied
Faisant fi des avertissements lancés par la plupart des économistes et des institutions internationales, Trump s’entête sur une guerre commerciale qualifiée le 31 janvier par le Wall Street Journal de « plus stupide de l’histoire ». « Notre profonde inquiétude est que cela pourrait être le début d’une spirale destructrice qui nous ramènerait à la guerre commerciale des années 1930 », avertit Andrew Wilson, le secrétaire général adjoint de la Chambre internationale de commerce, qui représente des milliers d’entreprises dans 130 pays.
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