Historien et directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), Thomas Gomart aborde à travers ses travaux les risques géopolitiques du monde contemporain et la diplomatie française. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont L’Accélération de l’histoire. Les nœuds géostratégiques d’un monde hors de contrôle (Tallandier, 2024) et Les Ambitions inavouées. Ce que préparent les grandes puissances (Taillandier, 2023). Dans un entretien au Monde, il revient sur les bombardements américains sur les sites nucléaires iraniens aux côtés d’Israël puis sur le cessez-le-feu que tente d’imposer Washington.

Les Etats-Unis ont-ils, avec l’opération « Midnight Hammer », rétabli la crédibilité de leur dissuasion, comme ils le clament ?

Force est de reconnaître à Donald Trump un incontestable sens du contre-pied. A l’été 2021, Joe Biden retirait les troupes américaines de l’Afghanistan en catastrophe, entraînant un reflux stratégique occidental exploité notamment par l’Iran et son « axe de la résistance » ainsi que par la Russie et son « opération militaire spéciale » en Ukraine [lancée en février 2022]. Quatre ans plus tard, Donald Trump frappe l’Iran dans le sillage d’Israël, contre toute attente. Ce faisant, le discours MAGA [« Make America Great Again »] de non-intervention militaire bifurque vers celui des néoconservateurs pour lesquels l’usage préemptif de la force est le moyen le plus sûr de dominer. La dissuasion, ce sont des discours et des capacités, mais surtout une volonté de passage à l’acte. En ce sens, Donald Trump réaffirme la centralité stratégique des Etats-Unis.

Est-ce le retour, au Proche-Orient et au-delà, d’une hyperpuissance américaine ou s’agit-il d’un trompe-l’œil ?

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