Depuis plusieurs mois, un insistant bruit de bottes se fait entendre aux Etats-Unis. Après Los Angeles et Washington, Donald Trump prévoit d’étendre le déploiement de la garde nationale à d’autres villes à majorité démocrate, comme Chicago ou Portland. Ces décisions ont été tour à tour justifiées par la montée de la criminalité ou la présence de sans-abri et de migrants.
Le discours prononcé fin septembre par Donald Trump devant un parterre d’officiers généraux à la base de Quantico éclaire tout autrement cette stratégie. Le président y a promis de défendre l’Amérique contre « une invasion » menée par « l’ennemi intérieur », reprenant la rhétorique d’une guerre domestique contre la gauche progressiste. Il a également suggéré d’utiliser les villes américaines comme « terrains d’entraînement » pour l’armée.
Ce faisant, Donald Trump ne faisait que reprendre et amplifier un argumentaire déjà déployé par certains de ses plus proches partisans après l’assassinat de Charlie Kirk, figure centrale du mouvement MAGA [Make America Great Again, « rendre à l’Amérique sa grandeur »]. Bien que son meurtrier semble avoir agi seul, le président et ses soutiens ont aussitôt exploité le drame pour renforcer le narratif selon lequel la gauche serait responsable d’un climat de haine et d’intolérance menant le pays au bord de la guerre civile.
Son ancien conseiller Steve Bannon est allé jusqu’à déclarer : « Nous sommes en guerre dans ce pays », tandis que Stephen Miller, son actuel directeur de cabinet adjoint, appelait à élaborer « une stratégie organisée pour éradiquer la gauche radicale » et à « canaliser toute la colère que nous ressentons… afin de déraciner et de démanteler ces réseaux terroristes ». De son côté, le vice-président, J. D. Vance, a décrit une vaste « pyramide » d’activistes, de journalistes et de donateurs que le gouvernement s’emploierait à « démanteler ».
Grammaire autoritaire globale
Cette rhétorique n’a rien de nouveau. Elle s’inscrit dans une longue tradition d’extrême droite : la dénonciation d’un prétendu « ennemi intérieur ». Durant la guerre froide, le maccarthysme assimilait communistes et progressistes à des agents de subversion à la solde du Kremlin.
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