Donald Trump a du sang sur la joue. Il est à terre. La balle n’a fait que frôler son oreille, en ce 13 juillet, lors d’un meeting en plein air à Butler (Pennsylvanie). Confronté à une tentative d’assassinat, l’ancien président des Etats-Unis a un réflexe extraordinaire. Plutôt que de se laisser entraîner par les agents chargés de sa protection, en respectant le protocole d’évacuation, il se redresse, serre le poing, et lance à ses partisans ce cri de ralliement : « Fight ! Fight ! Fight ! »

Deux jours plus tard s’ouvre la convention du Parti républicain à Milwaukee (Wisconsin). L’euphorie règne. Avec une ferveur réservée à une idole du rock, les délégués extatiques saluent l’apparition de Donald Trump, un pansement trop large sur l’oreille. Ils lèvent le poing à leur tour, cohorte romaine effrayante : « Fight ! Fight ! Fight ! » Sur scène, de nombreux orateurs font référence à une intervention divine, qui aurait dévié la balle de façon opportune.

Le Parti républicain n’existe plus comme lieu de réflexion et de débat. Son appareil, ses finances, ses élus, son programme : tout a été absorbé par le mouvement Make America Great Again (MAGA). Il n’y a plus qu’un homme, avec la foule grondante à ses pieds, qui compte prendre sa revanche sur une défaite jamais acceptée face à Joe Biden, en 2020. Il ne le sait pas encore : tout sera chamboulé avec l’entrée en lice de Kamala Harris.

Rien de cela n’était écrit. Le retour au premier plan de Donald Trump et son emprise complète sur le Parti républicain, s’ils ne présagent en rien le résultat de l’élection présidentielle du 5 novembre, constituent déjà, en eux-mêmes, une performance politique hors norme. Elle tient à la fois à la lâcheté des cadres conservateurs et à l’habileté de l’ancien président, qui a suivi son instinct à des moments charnières, allant à l’encontre de ce qu’on pourrait nommer le bon sens politique.

Appétit immédiat de revanche

Le 20 janvier 2021, Donald Trump effectue son dernier vol à bord d’Air Force One. Il est seul, si seul, avec l’amertume de la défaite. Au même moment, à Washington, a lieu la cérémonie d’investiture de Joe Biden. La patronne du Comité national républicain (RNC), Ronna McDaniel, l’appelle par politesse pour lui souhaiter bon voyage. La conversation prend une tournure inattendue lorsque le milliardaire lui dit : « J’en ai assez. Je vais lancer mon propre parti. » L’anecdote est rapportée par le journaliste de la chaîne ABC Jonathan Karl, dans un livre paru quelques mois plus tard (Betrayal. The Final Act of the Trump Show, Dutton, non traduit). Elle dit toute la frustration de Donald Trump et son appétit immédiat de revanche.

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