La centaine est dépassée. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a signé un nombre sans précédent de décrets présidentiels. Certains représentent des ruptures majeures, contestées en justice, comme la remise en cause du droit du sol. D’autres sont des marqueurs identitaires ou purement symboliques. Dans ce tourbillon, le contenu précis de ces textes officiels est souvent négligé, personne n’ayant le temps de tout suivre.

Signé le 27 mars, celui consacré à la restauration de « la vérité et la raison dans l’histoire américaine » mérite doublement l’attention. Ce décret vise à prendre le contrôle d’institutions culturelles incontournables à Washington : les musées Smithsonian, une institution fondée en 1846, regroupant aujourd’hui 21 musées et un zoo gratuits, une vingtaine de bibliothèques, des centres éducatifs. Sur un plan idéologique, il confirme que cette administration Trump 2 porte un soin nouveau à la réécriture du roman national, en attaquant les programmes et les discours sur les discriminations raciales et la promotion de la diversité.

Le décret commence par une mise en accusation. Les Etats-Unis seraient victimes, depuis des années, d’un « mouvement révisionniste » qui placerait « sous un jour négatif » les accomplissements et les principes du pays. Selon le texte, « l’héritage incomparable de notre Nation dans la promotion de la liberté, des droits individuels et du bonheur humain est reconstruit comme étant foncièrement raciste, sexiste, oppresseur, ou bien défectueux de façon irrémédiable. » Une entreprise qui accentuerait « les divisions sociétales » et imposerait « un sentiment de honte nationale ».

Un cas de partenariat public-privé

Les exemples qui sont présentés en disent plus sur les auteurs du décret que sur la réalité de ce « mouvement ». Il évoque par exemple une exposition au Musée d’art américain du Smithsonian, à Washington, intitulée « La forme du pouvoir : histoires de race et la sculpture américaine ». Le décret présidentiel s’émeut : l’exposition prétend que « la sculpture a été un outil puissant pour promouvoir le racisme scientifique » et que « la race est une invention humaine ». Le décret n’apprécie pas l’idée que les valeurs américaines et occidentales puissent être présentée sous un jour défavorable. Autre exemple cité : le Musée national de l’histoire et de la culture africaine américaine aurait proclamé que « le travail acharné », « l’individualisme » et la « famille nucléaire » seraient des aspects de la « culture blanche ».

Il vous reste 56.01% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version