
« Il y a des gens qui reposent la bouche ouverte de la manière la plus niaise. Il en est d’autres qui ronflent à faire trembler les planchers. La plupart ressemblent à ces jeunes diables que Michel-Ange a sculptés, tirant la langue pour se moquer des passants. » Partant de ces observations, Balzac se demande par quel mystère nous sommes arrivés à mettre à la mode l’usage du lit conjugal, une pratique « si fatale à l’amour-propre » ? (Physiologie du mariage, 1829). Au-delà de cette question esthético-narcissique, dormir à deux a d’autres désavantages.
Combien de temps faudra-t-il supporter ce conjoint qui roule vers nous et finit par nous recouvrir d’un ou deux de ses membres de telle sorte que nous n’avons plus d’autre choix que de nous glisser tout au bord du matelas ? Endurer cette jambe qui gigote, ce pied glacé, cette âme égoïste et son écran à lumière bleue qui inhibe notre mélatonine ?
Selon l’IFOP et son « Etude sur les troubles du sommeil et le rapport des Français à leur lit », réalisée pour le site de comparateurs de matelas Tousaulit.com, publiée en 2021, 68 % des couples cohabitants se sont déjà disputés à propos du savoir-vivre au lit, près de la moitié après une salve de ronflements. « Ma copine ronfle fort et beaucoup, rapporte Jules (certains témoins ont requis l’anonymat), un libraire de 50 ans. Elle s’étouffe, elle a des râles, c’est crispant. C’est comme un robinet qui goutte, t’attends toujours la prochaine ! Tu lui dis, elle se vexe. C’est d’autant plus énervant que, comme tous les gens qui ronflent, elle s’endort en huit secondes ! »
Il vous reste 85.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.