Deux bateaux de la marine colombienne encadrent un semi-submersible sans pilote (Low Profile Vessel), sur la côte du parc Tayrona, près de Santa Marta, en Colombie, le 2 juillet 2025.

C’est une première en Colombie. La marine a annoncé, mercredi 2 juillet, la saisie inédite d’un semi-submersible sans pilote, une embarcation équipée d’une antenne Starlink et capable de transporter 1,5 tonne de cocaïne.

L’utilisation de sous-marins pour transporter de la cocaïne vers les Etats-Unis et l’Europe a été évoquée fréquemment dans ce pays, le plus grand producteur du monde. Ces navires sont construits, en pleine jungle, dans des chantiers navals clandestins. Mais c’est la première fois que les autorités colombiennes annoncent la saisie d’un engin téléguidé.

Selon la marine, le navire saisi près de la ville de Santa Marta (Nord) appartenait au clan del Golfo, le plus grand groupe de narcotrafiquants du pays. Il ne transportait pas de drogue mais, selon les autorités et une source sécuritaire dans la région interrogée par l’Agence France-Presse (AFP), il s’agissait vraisemblablement d’un test mené par le cartel.

Le semi-submersible était équipé d’une technologie conçue « pour éviter les radars », a expliqué l’amiral Juan Ricardo Rozo, commandant de la marine, en présentant à la presse les résultats d’une opération internationale (« Orion »). Cette découverte démontre l’utilisation par des groupes criminels de « systèmes plus sophistiqués », qui sont « un défi croissant à la sécurité maritime internationale », a souligné le commandant de la marine.

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Recours à des experts en technologie et des ingénieurs

Des images partagées par la marine montrent un semi-submersible gris avec une antenne satellite installée à sa proue. Une porte-parole de la marine a confirmé à l’AFP que l’antenne provenait du fournisseur d’Internet par satellite Starlink, propriété d’Elon Musk.

Les puissants cartels mexicains, qui opèrent en Colombie, « ont engagé des experts en technologie et des ingénieurs pour développer un sous-marin sans pilote » dès 2017, a déclaré, à l’AFP, Juana Cabezas, chercheuse à l’Institut des études pour le développement et la paix en Colombie (Indepaz). « Leur idée était qu’il puisse (…) traverser le Pacifique et ensuite décharger automatiquement la drogue afin que les gens puissent la récupérer et la transférer sur d’autres sous-marins sans pilote. »

Les semi-submersibles autonomes, qui sont partiellement immergés, compliquent les efforts des autorités pour identifier les barons de la drogue responsables des expéditions de cocaïne.

Un nombre presque record de ces sous-marins a été intercepté dans l’Atlantique et le Pacifique en 2024, selon le groupe de réflexion Insight Crime, basé aux Etats-Unis. En novembre 2024, 5 tonnes de cocaïne colombienne ont été découvertes sur un semi-submersible en route vers l’Australie.

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« Le fait que cette saisie semble avoir été une “phase de test”, sans cocaïne à bord, démontre la volonté des trafiquants d’investir dans la recherche et le développement pour de nouvelles méthodes de contrebande », a relevé, auprès de l’AFP, Henry Shuldiner, chercheur au sein de Insight Crime.

Le Monde avec AFP

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