Donald Trump dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche, à Washington, le 30 juillet 2025.

Le président américain Donald Trump a signé, mercredi 30 juillet, un décret imposant 40 points de pourcentage de droits de douane supplémentaires sur les produits brésilien, ce qui porte la surtaxe à 50 %, a annoncé la Maison Blanche. Le président américain avait menacé Brasilia, ces dernières semaines, d’imposer une telle surtaxe en représailles aux poursuites lancées contre l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, poursuivi pour une tentative de coup d’Etat après sa défaite lors de l’élection présidentielle en 2022, une action judiciaire qualifiée par le président américain de « chasse aux sorcières ».

Le Brésil a déjà riposté en signant un décret, le 14 juillet, permettant l’entrée en vigueur de la « loi de réciprocité ». Ce texte, voté par le Congrès en avril lors de la première salve de taxes décidées par le président américain, Donald Trump, autorise le pays à suspendre les « concessions commerciales, les investissements et les obligations liées aux droits de propriété intellectuelle en réponse aux actions unilatérales de pays ou de blocs économiques qui affectent négativement sa compétitivité internationale ». La loi inclut notamment la possibilité de répliques économiques contre les pays qui « interfèrent dans les choix légitimes et souverains du Brésil ».

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Sanctions contre un juge de la Cour suprême

En parallèle de ce décret, le département américain du Trésor a annoncé mercredi une série de sanctions visant le juge de la Cour suprême brésilienne Alexandre de Moraes, que Washington accuse de « détentions arbitraires » et de non-respect de « la liberté d’expression ». Le Trésor estime que M. Moraes a profité de sa position pour « cibler des opposants politiques, notamment l’ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d’autres entreprises américaines et internationales ».

« Alexandre de Moraes s’est octroyé le droit d’être juge et jury pour orchestrer une chasse aux sorcières illégale contre des citoyens et des entreprises américaines et brésiliennes. Les sanctions de ce jour rappellent que le Trésor tiendra pour responsable ceux qui menacent les intérêts américains et la liberté de nos citoyens », a déclaré le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, cité dans un communiqué.

Le gouvernement brésilien a qualifié, mercredi, d’« arbitraires et d’injustifiables » les sanctions infligées par les Etats-Unis à un juge de la Cour suprême chargé d’un procès contre l’ex-président Jair Bolsonaro, allié de Donald Trump. « L’application arbitraire et injustifiable par les Etats-Unis de sanctions économiques (…) contre un membre de la magistrature nationale représente une attaque grave et inacceptable contre la souveraineté de notre pays », a écrit sur la plateforme X Jorge Messias, avocat-général de l’Union, chargé de la défense des intérêts juridiques de l’Etat brésilien.

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Fermeté du Brésil

Ces sanctions entraînent le gel de l’ensemble des avoirs détenus par M. Moraes aux Etats-Unis ainsi que l’interdiction pour des citoyens ou entreprises américaines de faire affaire avec le juge brésilien, sous peine de poursuites. Elles viennent compléter celles annoncées par le département d’Etat le 18 juillet, qui visaient, elles, tous les juges de la Cour suprême ainsi que leurs proches parents, qui sont tous désormais interdits d’entrer aux Etats-Unis.

« Que cela serve d’avertissement à ceux qui voudraient bafouer les droits de leurs concitoyens. Une robe de juge ne peut pas vous protéger », a réagi sur X le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio.

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Le procès de Jair Bolsonaro pour une tentative présumée de coup d’Etat contre l’actuel président de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, doit s’achever dans les prochaines semaines. L’ex-chef d’Etat (2019-2022) âgé de 70 ans risque plus de quarante ans de prison. Outre le port d’un bracelet électronique, Jair Bolsonaro est contraint de rester chez lui soir et week-end, et se voit interdit de recourir aux réseaux sociaux et de contacter les ambassades et les autorités étrangères.

Les autorités brésiliennes ont adopté une posture très ferme concernant la lutte contre la désinformation, la Cour suprême ayant durci en juin 2024 la régulation des réseaux sociaux. Le juge Moraes a bloqué X durant quarante jours au Brésil, jusqu’à ce que le réseau du multimilliardaire Elon Musk se conforme aux ordres de supprimer des comptes accusés de diffuser des infox. Pour les mêmes raisons, il a ordonné en février le blocage de la plateforme vidéo Rumble, prisée des conservateurs américains.

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Le Monde avec AFP

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