
Trois jours après l’accord commercial annoncé entre l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis, qui menace de fragiliser leur situation, les acteurs économiques dont l’activité d’exportation est touchée par les mesures tarifaires du gouvernement Trump sont reçus, mercredi 30 juillet, par le ministre de l’économie, Eric Lombard, et plusieurs membres du gouvernement.
La réunion se tiendra à 14 heures, à Bercy. Elle rassemblera autour de M. Lombard les ministres Amélie de Montchalin (comptes publics), Marc Ferracci (industrie et énergie), Véronique Louwagie (commerce, artisanat et PME), Clara Chappaz (numérique), Nathalie Delattre (tourisme), Annie Genevard (agriculture) et Laurent Saint-Martin (commerce extérieur).
Les ministres tenteront de rassurer les organisations patronales et fédérations professionnelles touchées par ces droits de douane (Medef, CPME et U2P côté patronal ; France Industrie, Fédération bancaire française, Alliance du commerce, Fédération du commerce et de la distribution (FCD) ou encore France Assureurs, entre autres, côté fédérations).
Inquiétudes
La négociation entre Washington et Bruxelles « a été très difficile » et « on a trouvé le meilleur compromis possible pour notre économie », a affirmé Eric Lombard, mercredi sur RTL, déplorant cependant un accord « inéquitable », alors que les Etats-Unis représentent 8 % des exportations françaises. « On savait que de toute façon on était dans une guerre asymétrique », a-t-il ajouté, se réjouissant toutefois que les négociations aient permis d’éviter « les contre-mesures [qui] frappaient directement l’économie européenne ».
« Nos entreprises sont tendues », a alerté Franck Choisne, président de la commission internationale de la CPME, mercredi, sur Europe 1. « D’un côté, on est heureux qu’il y ait un accord parce qu’il faut de la stabilité, mais d’un autre côté, cet accord n’est pas acceptable : 15 %, c’est énorme », a-t-il résumé.
L’accord annoncé dimanche par le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prévoit l’instauration de droits de douane américains à 15 % sur les produits européens, avec des exceptions pour certains secteurs comme l’aéronautique.
Michel Picon, le président de l’U2P, a ainsi déclaré sur RTL attendre de cette réunion « de l’information » car « il y a des entreprises qui peuvent [en] être exemptées ». Peu exportatrices, les petites entreprises regroupées au sein de l’U2P seront pourtant affectées par les éventuelles pertes de parts de marché aux Etats-Unis des grands groupes pour lesquelles elles travaillent en sous-traitance. La fabrication de bouchons pour les bouteilles de vin, par exemple, cite M. Picon.
Discussions toujours en cours
Dans les secteurs taxés à 15 % figurent l’industrie pharmaceutique, les vins et spiritueux, l’industrie agroalimentaire. Les discussions se poursuivent. « On continue à négocier avec les Américains pour que si possible les spiritueux, peut-être le vin, d’autres secteurs soient exemptés. C’est un travail qui est en cours », a souligné Eric Lombard.
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Et, a ajouté le ministre, « nous allons continuer à accompagner » les entreprises, « on va continuer à simplifier, on va travailler sur la compétitivité, on va travailler sur le financement des entreprises, on va travailler sur la protection du marché européen ».
Mardi, le patron du Medef, Patrick Martin, avait affirmé sur Franceinfo que « fondamentalement ce n’est (…) pas l’expression d’un rapport de force équilibré entre l’Europe et les Etats-Unis. Il y a des filières qui s’en sortent convenablement quand d’autres sont menacées ».
Pour Franck Choisne, à plus long terme, il va « falloir se mobiliser au niveau de l’Union européenne pour trouver des stratégies afin de se réindustrialiser et conquérir de nouveaux marchés », a-t-il ajouté.
Le ministre de l’économie s’est toutefois dit, mercredi sur RTL, « convaincu que dans les mois qui viennent ou au plus tard dans les deux ou trois ans qui viennent, nous pourrons revenir à des accords plus équilibrés, parce que ce sera aussi l’intérêt des Etats-Unis d’Amérique ».