A qui la faute ? A qui la paternité de la naissance d’une des dictatures les plus implacables de l’histoire moderne ? Quel a été le moteur des Al-Assad, père puis fils, qui ont régné sur la Syrie de 1970 à décembre 2024, avant de chuter de manière précipitée : la revanche des alaouites, la paranoïa militaire ou l’intransigeance baassiste ? C’est bien le baassisme qui a été à l’origine de tout : avant même d’embrasser la carrière des armes, avant de constituer une caste alaouite autour de lui, Hafez Al-Assad a été un baassiste convaincu.

Sur le papier, rien ne vouait cette idéologie à la postérité totalitaire qu’elle a connue en Syrie comme en Irak, où elle est arrivée au pouvoir dans les années 1960, pour régner dans les années 1970-1980, avant de se dissoudre dans le culte de la personnalité et la prédation, à partir des années 1990 et 2000.

Comme le raconte le journaliste spécialiste du Proche-Orient Xavier Baron, dans Histoire de la Syrie. De 1918 à nos jours (Tallandier, 2014, réédité en janvier, 432 pages, 11 euros), « à l’origine du Baas se trouvent trois Syriens : un père spirituel, Zaki Al-Arsouzi, et deux fondateurs, Michel Aflak, chrétien grec-orthodoxe né à Damas, en 1910, et Salah Eddine Bitar, sunnite né en 1912, également à Damas. Zaki Al-Arsouzi est un Alaouite né à Lattaquié, en 1901, mais qui a passé son enfance à Alexandrette ». Les trois hommes ont étudié à la Sorbonne, à Paris, où Aflak et Bitar se sont liés d’amitié, au début des années 1930. Comme le Vietnamien Ho Chi Minh ou le Cambodgien Pol Pot, leur séjour dans la capitale française a été déterminant dans leur formation intellectuelle.

Il vous reste 86.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version