
Parmi l’équipage du Barfleur, la nouvelle, annoncée fin juin, a fait l’effet d’une douche froide. Comme chaque année, ce navire de la compagnie française Brittany Ferries va rester à quai l’hiver prochain pendant trois mois, de mi-décembre 2025 à fin mars 2026. Mais, contrairement aux années précédentes, la direction a décidé d’affréter un autre navire pour le remplacer pendant cette période sur la ligne reliant Cherbourg, dans le Cotentin, à Poole, sur la côte sud de l’Angleterre.
Le remplacement sera effectué par le Clipper, un navire arborant pavillon des Bahamas et ayant comme marins principalement du personnel venant d’Europe centrale. Le Barfleur, lui, bat pavillon français et emploie ses marins au régime Enim, la sécurité sociale française du secteur de la mer. « Quand on nous l’a annoncé, j’ai tout de suite dit au commandant qu’il ne fallait pas laisser passer ça », se rappelle un membre de l’équipage du Barfleur.
Pour les organisations syndicales, le choix d’un navire aux pratiques sociales moins-disantes ressemble à une forme de provocation, parce que Jean-Marc Roué, le président de Brittany Ferries, ferraille justement depuis des années contre le « dumping social » de certains de ses concurrents. Notamment deux compagnies de ferrys, Irish Ferries et P & O, qui ont commencé à utiliser après la pandémie de Covid-19 des marins étrangers employés aux normes minimales du droit maritime international : jusqu’à quatre mois de travail consécutifs à des salaires très en dessous du smic français…
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