Eduardo Bolsonaro prend la parole lors de la Conférence d’action politique conservatrice (CPAC) à Oxon Hill (Maryland), en février 2025.

Eduardo Bolsonaro, un des fils de l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, a été inculpé, lundi 22 septembre, pour entrave au procès de son père, condamné pour tentative de coup d’Etat, le parquet brésilien lui reprochant son lobbying auprès de l’administration Trump. Cette inculpation est intervenue le jour même de nouvelles sanctions américaines visant cette fois Viviane Barci de Moraes, la femme du juge de la Cour suprême brésilienne chargé du procès Bolsonaro.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Jair Bolsonaro condamné à plus de vingt-sept ans de prison pour tentative de coup d’Etat, un jugement historique

Installé aux Etats-Unis depuis plusieurs mois, le député Eduardo Bolsonaro est soupçonné d’avoir « menacé des autorités judiciaires et d’autres pouvoirs » en affirmant qu’il obtiendrait des sanctions contre eux « de la part des autorités américaines », détaille un communiqué du parquet brésilien. Le troisième fils de Jair Bolsonaro y a vu la preuve qu’il est la victime d’une « persécution politique ».

Paulo Figueiredo, l’un de ses proches, a aussi été inculpé. Petit-fils du dernier général à la tête de la dictature militaire (1964-1985), il se vante lui aussi sur les réseaux sociaux de son lobbying auprès de Washington pour des sanctions contre le Brésil. Il y a un mois, la police fédérale avait recommandé ces deux inculpations, mais aussi celle de Jair Bolsonaro, assigné à résidence depuis début août dans le cadre de ce dossier.

« Le Brésil ne s’inclinera pas face à cette nouvelle agression »

Donald Trump et son gouvernement font pression depuis plusieurs mois contre les autorités brésiliennes, accusées de « chasse aux sorcières » contre Jair Bolsonaro. En plus d’une surtaxe punitive de 50 % sur une partie des exportations brésiliennes vers les Etats-Unis, Washington a adopté une série de sanctions individuelles. Lundi, le Trésor américain a annoncé des sanctions contre Viviane Barci de Moraes, l’épouse du juge Alexandre de Moraes, et d’une entreprise liée à sa famille au titre de la loi Magnitski déjà appliquée contre son mari, et qui permet de sanctionner des personnes accusées de violation des droits humains.

Ces sanctions entraînent le gel de l’ensemble de leurs éventuels avoirs détenus aux Etats-Unis ainsi que l’interdiction pour des citoyens ou des entreprises de ce pays de faire affaire avec eux, sous peine de poursuites. « L’application illégale et lamentable de la loi Magnitski contre mon épouse (…) viole le droit international, la souveraineté du Brésil et l’indépendance du judiciaire », a réagi le juge Moraes dans un communiqué. Le gouvernement brésilien a fait part de sa « profonde indignation », affirmant que « le Brésil ne s’inclinera pas face à cette nouvelle agression ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Après la condamnation de Bolsonaro, le sort de la démocratie brésilienne reste incertain

Mais pour le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, les sanctions visent à « tenir Moraes responsable de l’abus de son autorité, de la mise en place d’un système de censure, du ciblage flagrant d’opposants politiques et de graves violations des droits humains ». Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a prévenu que son ministère continuerait de « cibler les individus qui apportent un soutien matériel à Moraes dans ses atteintes aux droits humains ».

Le 11 septembre, à l’issue d’un procès historique, la Cour suprême du Brésil a condamné Jair Bolsonaro à vingt-sept ans de prison pour avoir conspiré pour se maintenir au pouvoir après sa défaite électorale face au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva en 2022. Sa défense compte faire appel et son camp tente de pousser pour le vote d’une loi d’amnistie au Parlement pour lui épargner la prison. Des dizaines de milliers de sympathisants de gauche ont manifesté dimanche à travers le pays pour exprimer leur rejet d’une telle amnistie.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version