Deux membres du Jihad islamique se sont présentés, en pleurs, le 9 octobre 2023, à l’appartement de Mohammed Qiblawi, à Aïn El-Héloué, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Liban, accolé à Saïda. Son fils aîné, âgé de 24 ans, Riyad, venait d’être tué, avec un autre combattant du mouvement islamiste palestinien, lors d’une opération d’infiltration dans le nord d’Israël, au cours de laquelle ils ont abattu un haut gradé et deux autres soldats israéliens.

« Je leur ai dit que j’étais fier que mon fils ait rejoint la résistance pour libérer la Palestine. Je leur ai seulement demandé s’il était mort en Palestine, et ils m’ont dit oui, raconte ce père, âgé de 50 ans, les yeux emplis de fierté. C’est après cela qu’Israël a commencé la guerre contre le Liban. »

Un certificat, attestant que son fils a été le premier « martyr » de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » au Liban, lui a été remis, signé de la main du cheikh Naïm Qassem, le numéro deux du mouvement chiite libanais Hezbollah. Le Jihad islamique lui verse chaque mois une pension de 200 dollars (185 euros) pour le martyre de son fils. D’Iran, où il a été invité à passer dix jours en juin, avec sa femme, par le Guide suprême, Ali Khamenei, Mohammed Qiblawi a rapporté des cigarettes Kent, qu’il fume à la chaîne.

Riyad Qiblawi n’a eu ni sépulture ni funérailles, Israël ayant conservé sa dépouille mortelle. Les voisins sont venus offrir leurs condoléances à la famille, priant pour que leur fils suive le même chemin. Peu d’entre eux savaient que Riyad Qiblawi avait rejoint l’aile militaire du Jihad islamique. Pour beaucoup, il n’était que le voisin ou l’ami souriant, doué pour les études. Après un diplôme en comptabilité, il étudiait les sciences politiques et travaillait pour l’organe médiatique du Jihad islamique.

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Son père l’avait inscrit, dès l’âge de 9 ans, chez les scouts de la faction palestinienne. Ancien combattant du Fatah pendant la guerre civile libanaise, il se sent proche de ce mouvement prônant la résistance armée à Israël. « Le Fatah [aujourd’hui dirigé par le président palestinien, Mahmoud Abbas], c’est la mère du peuple palestinien, et Abou Ammar [Yasser Arafat] son père, mais j’aime la vision religieuse du Jihad islamique », explique Mohammed Qiblawi.

Mohammed Qiblawi, à l’extérieur du camp d’Aïn El-Héloué, près de Saïda (Liban), le 9 juillet 2024.

Descendant d’une famille de Tibériade, en Galilée, l’homme montre sa carte d’identité. « Ce document dit que je suis réfugié, que je n’ai pas de terre, pas de patrie. Ma patrie, c’est la Palestine, et Israël nous l’a prise en 1948. » Il était le seul à savoir que son fils faisait partie des forces spéciales du Jihad islamique. Riyad n’avait pas su garder le secret, trop fier d’être sorti premier de sa promotion militaire, en 2022.

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