Le procès de l’effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn (Haute-Garonne) s’est ouvert ce mardi matin à Toulouse.
Il y a cinq ans, l’ouvrage avait cédé alors qu’un camion trop lourd s’y était engagé.
Le conducteur, ainsi qu’une adolescente de quinze ans qui se trouvait dans un autre véhicule, avaient été tués.
L’équipe de TF1 a trouvé des témoins de l’accident.
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Le 13H
Cinq ans après l’effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn (Haute-Garonne), le tribunal correctionnel de Toulouse tente de trouver des réponses ce mardi sur les responsabilités du drame.
Du pont, aujourd’hui, il ne subsiste que les extrémités. Comme une plaie à ciel ouvert, à laquelle les habitants sont confrontés au quotidien. « Dès qu’on passe devant le pont, on ne peut pas s’empêcher d’y penser. On espère que justice sera rendue », témoigne cette habitante. Cinq ans plus tôt, le 18 novembre 2019, le pont de Mirepoix-sur-Tarn avait cédé. Un camion de près de 60 tonnes avait emprunté le pont enjambant la rivière Tarn prévu pour supporter une charge maximale de 19 tonnes. L’édifice avait entraîné le convoi exceptionnel dans la rivière, ainsi que la voiture où se trouvaient une adolescente de 15 ans et sa mère. Cette dernière avait réussi à rejoindre la berge, mais sa fille avait trouvé la mort, tout comme le conducteur du camion, âgé de 38 ans.
Peu après le drame, une information judiciaire avait été ouverte notamment pour homicide et blessures involontaires. Aujourd’hui, il est impossible pour l’ancien maire Eric Oget d’oublier la scène : « Mon employé municipal me crie au téléphone parce qu’il était dans la panique : ‘Le pont est tombé, le pont est tombé' », se remémore-t-il. « J’avais entendu une espèce de bruit sourd chez moi. J’arrive, je me gare. Et puis, les filins tombaient. On avait la vision de deux victimes, dans la voiture et dans le camion. Mais on ne savait pas s’il n’y avait pas d’autres personnes qui avaient pu disparaître. »
« On n’imaginait pas que ça puisse se passer »
Au même moment, Céline, une habitante, tentait de venir en aide à la mère de la jeune fille. « Et c’est là qu’on a vu en bas du Tarn, un peu plus haut de chez moi, la dame qui était dans l’eau qui hurlait : ‘ma fille, ma fille' », se souvient-elle. « On a essayé tant bien que mal d’accrocher des choses au niveau d’une maison. Et on était plusieurs à maintenir ces cordages pour que ces deux personnes du corps médical puissent descendre en rappel et essayer de faire quelque chose pour cette dame-là. »
Le drame a marqué à jamais la petite commune du Tarn : « On n’imaginait pas que ça puisse se passer. Et ça a marqué toutes les catégories de la population. » Lui, comme Céline, ont préféré ne pas se rendre au procès : « Je ne suis pas dans l’attente de savoir. Les faits, on les connaît déjà. J’y étais, donc je sais ce qui s’est passé. Que le pont se reconstruise, c’est ça qui va nous faire avancer. »
Un jugement mis en délibéré au 5 décembre
L’ouvrage, une structure métallique datant de 1931, avait été inspecté deux ans auparavant puis avait fait l’objet d’une visite de contrôle en décembre 2018, moins d’un an avant l’accident. L’hypothèse d’un manquement aux procédures de surveillance avait été écartée le jour même de l’accident par le Conseil départemental. Ce qui a été confirmé ce mardi à l’audience.
Dans la foulée de l’effondrement du viaduc de Gênes (Italie) en août 2018, un rapport sénatorial avait pointé en juin 2019 l’état préoccupant d' »au moins 25.000 ponts » routiers en France, juste avant l’accident de Mirepoix-sur-Tarn. Le jugement a été mis en délibéré au 5 décembre. Le nouveau pont devrait voir le jour d’ici à trois ans.