Des vidéos vue plusieurs millions de fois affirment montrer des machines à voter détourner le choix d’électeurs pour la présidentielle du 5 novembre.
Dans la grande majorité des cas, il s’agissait d’erreurs humaines corrigées au cas par cas.
Les systèmes d’enregistrement électroniques directs ne représentent que 5% des votes lors de cette présidentielle américaine.

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Élection présidentielle américaine

Comme lors de la précédente présidentielle américaine (nouvelle fenêtre), elles sont déjà accusées de servir au camp démocrate pour tricher. Présentes depuis déjà une vingtaine d’années dans le paysage politique outre-Atlantique, les machines à voter permettent aux électeurs de certains États américains d’utiliser un ordinateur pour confirmer électroniquement leur bulletin de vote. En échange, ils obtiennent une copie imprimée de leurs choix qu’ils doivent généralement scanner pour décompter leur vote. 

« Vérifiez bien vos bulletins », alertent ainsi certains citoyens américains face caméra après avoir voté sur ces machines ces derniers jours. L’une d’entre elle, vue 9 millions de fois sur X (nouvelle fenêtre), prétend notamment qu’au moins deux électeurs de Tarrant County dans le Texas, un état généralement favorable aux républicains, auraient voté pour Donald Trump avec une machine, mais se seraient vus remettre un document attestant qu’ils avaient choisi un autre candidat. 

Un électeur américain affirme avoir voté pour un candidat et s’être vu remettre un document attestant qu’il avait voté pour un autre. – Mercy Moran

Cette allégation d’inversion des votes dans cette ville du Texas a été très largement relayée (nouvelle fenêtre)par le président du parti républicain de Tarrant, Bo French. Interrogées sur ces images, les autorités de Tarrant County ont expliqué (nouvelle fenêtre) que chaque électeur devait « toujours revoir leurs choix à l’écran avant d’imprimer le bulletin de vote papier  » et qu’il s’agissait donc d’une erreur humaine. Avant de préciser « si une sélection prévue ne figure pas sur votre bulletin de vote papier, vous pouvez demander au juge électoral d’annuler votre bulletin de vote et vous recevrez un nouveau bulletin de vote  ». Bien loin donc d’une tromperie irrémédiable. 

L’entreprise Dominion encore visée

Les machines à voter, aussi appelées « systèmes d’enregistrement électronique direct  », ont été sous le feu des critiques des pro-Trump en 2020, et en particulier les machines à voter de l’entreprise « Dominion » mobilisées dans 28 États en 2020, contre 27 États en 2024. Des médias, comme Fox News, ont accusé à longueur d’antenne la société de vouloir truquer le scrutin, et ont dû verser par la suite la coquette somme de 787 millions de dollars à Dominion pour éviter un procès en diffamation. 

Malgré cela, le même discours revient en 2024, accusant cette entreprise d’inverser les votes, comme l’a martelé Marjorie Taylor Greene (nouvelle fenêtre), élue républicaine de Géorgie à la Chambre des représentants. Les allégations ont poussé les autorités du comté de Whitfield (nouvelle fenêtre), où la fraude semblait signalée, à expliquer qu’il ne s’agissait là encore que d’une « erreur de vote  », et que le problème avait été résolu avec l’électeur.  

Car comme le rappelle ABC News (nouvelle fenêtre), pour faire face aux critiques, les principales entreprises mettant à disposition les machines à voter ont redoublé d’efforts. Des tests poussés pour valider la fiabilité des machines, absence de connexion à internet pendant le processus de vote pour éviter le piratage, ou encore mise en place de vidéo-surveillance, les experts estiment que «  les mesures de sécurité qui suivent les bulletins de vote depuis les bureaux de vote jusqu’au dépouillement peut apporter clarté et réconfort au processus ». Mais elles ne sont pas non plus infaillibles : en aout dernier, (nouvelle fenêtre) lors d’un Congrès de hackers internationaux, certains pirates ont découvert des failles dans certaines machines impossibles à corriger avant le scrutin du 5 novembre.

1 million de messages autour des machines à voter en 2024

Malgré cette volonté globale de rassurer les électeurs, les exemples d’alerte à la fraude ne manquent pas en 2024 : machine qui changerait le nom de Trump pour « Triump » (nouvelle fenêtre)et donc invaliderait les votes, une autre qui voterait « automatiquement  » pour Kamala Harris (nouvelle fenêtre)… autant de cas qui ont rapidement été démystifiés par les autorités. Dans le premier cas, le bulletin imprimé ne comportait pas d’erreur (nouvelle fenêtre), dans le deuxième, l’utilisateur effectuait une mauvaise manipulation sur la machine (nouvelle fenêtre)

En Virginie (à gauche), le nom de "Triump" apparaît sur la machine. A droite, dans le Kentucky, un électeur n'arrive pas à voter pour Trump. Ces deux cas ont été résolus.
En Virginie (à gauche), le nom de « Triump » apparaît sur la machine. A droite, dans le Kentucky, un électeur n’arrive pas à voter pour Trump. Ces deux cas ont été résolus. – Publications TikTok

Depuis le début de l’année 2024, les mentions « voting machine  » (machine à voter en français) associées aux mots-clés « Kamala Harris » et « Donald Trump  » ont ainsi suscité un peu plus d’un million de messages sur X, avec pour la seule journée du 1er novembre un pic à 113.000 messages selon les données de Visibrain (nouvelle fenêtre). Sur la même période lors de l’année de la précédente élection en 2020, les mêmes requêtes concernant les machines à voter et Joe Biden ou Donald Trump renvoyaient 243. 000 messages. Preuve qu’entre les deux élections, le nombre de messages sur ce thème a été multiplié par 4. 

Si ces machines concentrent les accusations, les données de Verified Voting (nouvelle fenêtre), site internet recensant toutes les méthodes de votes dans chaque État américain, montrent qu’environ 5% des électeurs américains utilisent un système de machine à voter pour ces élections 2024. Une goutte d’eau face aux 70% des électeurs américains qui voteront en cochant un nom au crayon sur leur bulletin de vote. 

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Alexandre CAPRON

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