
Maurice Kamto, principal opposant au Cameroun du chef de l’Etat, Paul Biya, a déposé un recours devant le Conseil constitutionnel, lundi 28 juillet, pour contester sa disqualification de la liste provisoire des candidats retenus à l’élection présidentielle du 12 octobre. Arrivé deuxième lors du scrutin présidentiel de 2018, M. Kamto a été écarté samedi par Elections Cameroon (Elecam), l’organe chargé de l’organisation des élections, en raison d’une « pluralité d’investitures » du parti politique qu’il représente.
L’ancien président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avait cette fois déposé sa candidature sous la bannière du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), un parti d’opposition à la fibre panafricaniste fondé au cours des années 1990 ; mais un ancien militant de cette formation a également soumis une candidature pour le compte de ce parti. La décision de Maurice Kamto de concourir sous une autre bannière s’explique par une disposition du code électoral qui exige des partis souhaitant participer à l’élection présidentielle qu’ils disposent d’élus au Parlement ou dans les conseils municipaux, or le MRC avait boycotté les dernières élections législatives et municipales, en 2020.
L’éviction de M. Kamto de la course à la présidentielle a fait le cœur de l’actualité dans la presse locale, et de multiples voix se sont fait entendre pour critiquer la décision d’Elecam. Dans un communiqué publié dimanche, le candidat Issa Tchiroma Bakary a ainsi réclamé du Conseil constitutionnel « qu’il fasse preuve d’impartialité et d’intégrité » dans l’examen du recours que Maurice Kamto pourrait formuler à son attention. Dans une ambiance tendue par les nombreux commentaires politiques dans les médias et les réseaux sociaux, Yaoundé et Douala, les deux principales villes du pays, sont investies depuis samedi par des forces de police disséminées dans les points sensibles.
Stand up for Cameroon, un mouvement de la société civile qui se refuse à prendre part aux élections depuis 2017, a également dénoncé l’exclusion du farouche opposant à Paul Biya. La publication de la liste des candidats par Elecam « vient confirmer ce que nous dénonçons depuis des années : un processus électoral verrouillé, partial et profondément discrédité », ont écrit dimanche, dans un communiqué, les dirigeants de ce regroupement de partis politiques, de personnalités civiles et d’ONG : « En effet, de nombreuses candidatures ont été écartées, à l’exemple de celle de Maurice Kamto, qui a fait l’objet de plusieurs sorties publiques déplacées de plusieurs ministres. »
Parmi les 83 dossiers déposés, 22 autres candidats ont présenté un recours devant le Conseil constitutionnel pour espérer concourir à l’élection présidentielle. Les candidats ont jusqu’à lundi soir à minuit pour déposer un recours.