Ne pas reconnaître la victoire de Nicolas Maduro à la présidentielle du 28 juillet sans pour autant décréter que le candidat de l’opposition, Edmundo Gonzalez, est le président élu : c’est le difficile numéro d’équilibriste auquel sont confrontés la plupart des pays occidentaux face à la crise postélectorale au Venezuela.

Jeudi 19 septembre, le Parlement européen a voté une résolution non contraignante proposée par la droite et l’extrême droite reconnaissant Edmundo Gonzalez comme « président légitime et démocratiquement élu du pays ». Pour l’heure, aucun pays européen n’a fait ce pas. Si, en Espagne, les deux Chambres législatives ont aussi voté une résolution en ce sens, elles n’ont pas été suivies par le premier ministre, Pedro Sanchez.

A part une quarantaine de pays d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, menés par la Russie et la Chine, qui ont, à l’inverse, salué Nicolas Maduro comme le gagnant du scrutin, dans le reste de la communauté internationale, la majorité des pays, Etats-Unis en tête, reconnaissent les « preuves accablantes » de la victoire dans les urnes du candidat de l’opposition, exilé à Madrid depuis le 8 septembre. Mais, hormis l’Argentine et le Panama, personne n’utilise le terme de « président élu ».

Les communiqués du Conseil de l’Union européenne (UE) se contentent de noter que « des copies des procès-verbaux des bureaux de vote publiées par l’opposition (…) indiquent qu’Edmundo Gonzalez Urrutia aurait remporté l’élection présidentielle avec une large majorité ». Début août, Washington précisait que prendre acte de sa victoire ne signifiait pas le reconnaître en tant que président élu. De fait, le Parlement européen a refusé de voter, jeudi, une phrase qui exigeait de l’UE et des pays membres de le faire.

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La différence est subtile, mais de taille. Cela impliquerait, à partir du 10 janvier, jour de l’investiture, de nouer des liens diplomatiques, politiques, commerciaux avec un gouvernement en exil. « En Europe, pratiquement personne ne veut le faire, car ils ne veulent pas commettre la même erreur qu’avec Juan Guaido », explique une haute diplomate espagnole.

« Enorme pression »

En janvier 2019, alors que Nicolas Maduro était investi pour un deuxième mandat après une réélection déjà contestée, l’opposition déclarait un « vide de pouvoir » et proclamait « président par intérim » celui qui dirigeait alors l’Assemblée nationale : Juan Guaido. A peine dix minutes plus tard, le président américain, Donald Trump, annonçait qu’il reconnaissait le jeune député comme le président légitime. Emmanuel Macron et une soixantaine de dirigeants, dont ceux des autres pays européens, lui emboîtaient le pas.

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