
L’éditeur californien de jeux vidéo Electronic Arts (EA), réputé pour EA Sports FC, Les Sims et Battlefield, va être racheté pour 55 milliards de dollars (46,9 milliards d’euros). Un accord a été trouvé avec une entité qui réunit le Fonds public d’investissement d’Arabie saoudite, Silver Lake et Affinity Partners, a fait savoir l’entreprise dans un communiqué publié le 29 septembre.
« La transaction a été approuvée par le conseil d’administration d’EA. Elle devrait être finalisée au premier trimestre de l’exercice fiscal 2027 », a annoncé l’éditeur de jeux vidéo, qui rappelle qu’elle sera soumise à « l’obtention des autorisations réglementaires des autorités de régulation et à l’approbation des actionnaires d’EA. » Ce rachat d’entreprise est le plus important jamais fait sur les marchés par endettement (ou LBO pour leveraged buy out, « rachat avec effet de levier »).
L’Arabie saoudite et Jared Kushner aux commandes
Parmi les trois entités à la manœuvre, le Fonds public d’investissement saoudien est le plus impliqué dans l’industrie vidéoludique. A travers sa société Savvy Group, la monarchie pétrolière a déjà pris des parts minoritaires dans des entreprises, comme Nintendo, Capcom et Embracer. Elle a également racheté la division jeux vidéo de Niantic, le créateur de Pokémon Go, en 2025, et Scopely, éditeur de jeux pour téléphone mobile (Monopoly Go !).
Le pays est également très investi dans l’e-sport (le sport électronique), puisqu’elle organise désormais la Coupe du monde de jeu vidéo (Esports World Cup) et a été chargée par le Comité international olympique (CIO) d’organiser les premiers jeux olympiques de l’e-sport en 2027 à Riyad. L’acquisition des simulations de sport d’EA (EA Sports FC pour le football, Madden NFL pour le football américain, F1, WRC pour le rally, PGA Tour pour le golf ou NHL pour le hockey sur glace) pourrait lui permettre d’accentuer son emprise dans ce domaine, régulièrement plébiscité par le prince héritier, Mohammed Ben Salman.
Le fonds d’investissement Silver Lake est, quant à lui, un habitué du secteur des nouvelles technologies. Il a contribué au rachat de Skype en 2009 (entre-temps revendu à Microsoft, le service a été interrompu cette année) ou Dell en 2013. Silver Lake est aujourd’hui impliqué dans le rachat de TikTok aux Etats-Unis.
Tandis que le troisième acteur à la manœuvre, Affinity Partners, est surtout associé à son célèbre dirigeant : Jared Kushner, gendre de Donald Trump.
Cette acquisition confirme le mouvement de consolidation à l’œuvre dans le secteur du jeu vidéo depuis les années 2020 : elle succède à celle d’Activision Blizzard par Microsoft (69 milliards de dollars annoncés en 2023), le grand rival d’Electronic Arts, et celle de Zynga par Take-Two (12,7 milliards de dollars en 2022).
Croissance atone du secteur
Cependant, la vente d’EA se déroule dans un contexte de croissance atone pour l’industrie du jeu vidéo, après un essor prononcé durant les confinements liés à la pandémie. Les studios sont confrontés à une baisse des investissements et à une compétition accrue des sorties. Résultat : des milliers de licenciements depuis deux ans.
Les entités d’EA en ont aussi fait les frais. L’entreprise s’est séparée de 5 % de ses effectifs en 2024 et compte aujourd’hui 14 500 salariés. Dernièrement, sa filiale Bioware, réputée pour ses jeux de rôle, s’est séparée de certains des vétérans de ses équipes après l’échec retentissant de Dragon Age : The Veilguard, à la fin de 2024.
Les revenus annuels d’EA ont stagné au cours des trois derniers exercices fiscaux, oscillant entre 7,4 et 7,6 milliards de dollars (6,30 et 6,4 milliards d’euros). L’entreprise s’est ainsi mise en quête de nouveaux relais de croissance pour séduire des joueurs, de plus en plus attirés par les franchises en free-to-play régulièrement mises à jour, plutôt que par l’achat de nouveaux jeux pouvant coûter jusqu’à 80 euros.
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EA est surtout incontournable pour ses simulations de sport aux épisodes annuels. L’entreprise a été fondée en 1982 par William « Trip » Hawkins, un ancien d’Apple, qui se passionnait alors pour la programmation de jeux vidéo de football américain. Dès 1988, l’entreprise s’impose avec sa licence Madden NFL. Un succès décliné avec le hockey sur glace (NHL) puis le football (FIFA, désormais connu sous le nom de EA Sports FC), respectivement lancés en 1991 et 1993. Des succès qui perdurent : chaque année depuis 2014, EA Sports FC est le jeu vidéo le plus vendu sur le marché français.
L’éditeur américain s’est également hissé parmi les plus importants éditeurs tiers américains grâce à d’autres licences, notamment avec la simulation de vie Les Sims, conçu par Will Wright en 2000, Battlefield (dont le prochain épisode sort le 10 octobre), les jeux de course Need for Speed, ou le jeu de tir multijoueur en ligne Apex Legends. Son catalogue comprend également des licences cultes, mais en sommeil depuis des années : c’est par exemple le cas de Mass Effect, Command and Conquer, Dead Space ou Medal of Honor.