
La chanteuse Zaho de Sagazan a publié, samedi 26 juillet, une lettre à Emmanuel Macron, sur le réseau social Instagram, dans laquelle elle interpelle le président français sur son inaction dans le cadre du conflit en cours à Gaza, et lui demande d’arrêter d’utiliser ses œuvres pour alimenter sa communication. Dans une réponse publiée sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron a déclaré dimanche être « optimiste » sur le fait que la France pourra « reprendre très vite » ses actions humanitaires à Gaza.
Dans son texte, la chanteuse, récompensée aux Victoires de la musique dans la catégorie meilleure artiste, demande à Emmanuel Macron de ne pas utiliser « les mots des artistes », s’il n’agit pas « pour les vies qu’ils défendent », demande à ne pas « décorer [sa] communication avec [ses] chansons si, par ailleurs [il] laiss[e] faire un massacre » et déclare : « Nous ne sommes pas là pour enjoliver l’action. »
L’artiste reproche ainsi au président français d’avoir « utilisé plusieurs fois » son morceau La Symphonie des éclairs dans ses « communications », notamment sur les réseaux sociaux. « Mais pendant que vous célébrez “la lumière”, écrit-elle, la sensibilité, la compassion, sous les nuages, à quelques kilomètres de chez nous des enfants vivent l’enfer. »
« Des actes forts et immédiats »
Quelques paragraphes plus haut, Zaho de Sagazan évoquait un peuple palestinien « bombardé, affamé, humilié par le gouvernement israélien, dirigé aujourd’hui par une coalition d’extrême droite ». « Une société est en train d’être effacée, sous les yeux du monde », écrit-elle, alors que « ce monde regarde ailleurs. Ou pire : il justifie, relativise, temporise ».
Pour elle, « reconnaître l’Etat palestinien », comme l’a annoncé Emmanuel Macron le 24 juillet, « est un geste symbolique nécessaire, mais il ne suffit pas ». Dans cette publication, likée plus de 60 000 fois en douze heures, elle lui demande « des actes forts et immédiats » : « Exigez un cessez-le-feu total, mettez fin à la coopération militaire, faites que l’aide humanitaire, bloquée depuis des semaines par Israël, puisse enfin passer, sanctionnez les violations du droit international, soutenez les enquêtes pour crimes de guerre. » « Il s’agit d’exiger des actes, pas des mots », conclut l’artiste, âgée de 25 ans. « Il s’agit de retrouver notre cœur. Notre lucidité. Et notre humanité. »
« Je refuse que la douleur soit recouverte par le silence », lui a répondu le chef de l’Etat, affirmant que « la France ne fournit aucune aide militaire, ni directe ni indirecte, aux opérations menées par l’armée israélienne à Gaza ». « Je partage votre exigence : la situation s’aggrave, ce que nous faisons collectivement ne suffit pas », a-t-il encore écrit, l’assurant qu’il n’allait « pas détourner le regard ».
« Suite à mes échanges avec nos partenaires, je suis optimiste sur le fait que nous pourrons reprendre très vite nos actions humanitaires pour répondre aux besoins les plus urgents des civils », a-t-il aussi estimé. « Nous demandons que les violations du droit international soient sanctionnées. Sans ambiguïté », a par ailleurs affirmé Emmanuel Macron.
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Ce n’est pas le seul acte de protestation en France contre les actions en cours à Gaza ces dernières heures. Amnesty International a projeté, samedi soir, un message géant « Stop Génocide à Gaza » sur la vasque olympique, afin de « rappeler le sort tragique des populations civiles » dans le territoire palestinien, à l’occasion du premier anniversaire des Jeux de Paris. Zaho de Sagazan avait, d’ailleurs, participé à la cérémonie de clôture des JO en 2024.
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