Au sommet d’Anchorage (Alaska), vendredi 15 août, Vladimir Poutine a eu exactement ce qu’il voulait : il a préservé sa relation avec Donald Trump, et donc évité de nouvelles sanctions, tout en obtenant de pouvoir poursuivre les hostilités avec l’Ukraine. Il a ainsi gagné du temps, un temps dont il a besoin pour repousser la ligne de front le plus loin possible vers l’ouest, avant de la geler, à terme, dans le cadre d’un accord. L’autocrate russe ne s’intéresse pas au coût du conflit et refuse catégoriquement toute trêve : il est convaincu de disposer de suffisamment de ressources pour gagner une guerre d’usure.

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La seule monnaie que Staline considérait comme solide, écrivit un jour Henry Kissinger [diplomate américain, prix Nobel de la paix en 1973], c’est le territoire. Si le sommet de l’Alaska de 2025 a quelque chose en commun avec la conférence de Yalta de 1945, c’est bien ceci : les deux rencontres ont validé les revendications territoriales des dirigeants russe et soviétique. Aussi Poutine peut-il s’attribuer le prix Staline : il a agi dans l’esprit de son prédécesseur, manipulant magistralement ses partenaires pour étendre sa sphère d’influence et de contrôle.

Poutine semble avoir convaincu Trump de la possibilité de conclure un accord de paix global sans cessez-le-feu, ni trêve d’aucune sorte, en figeant le moment venu la ligne de contact. Ce qui signifie que jusque-là, des êtres humains continueront de mourir. Et que, en outre, comme les pertes humaines et les destructions matérielles forment un contexte peu propice à la discussion, la tenue de négociations sérieuses sera retardée et compliquée. Y compris l’organisation d’une rencontre – encore hypothétique à ce stade – avec Volodymyr Zelensky. Les grands espoirs du monde se sont effondrés. Nous en sommes réduits à attendre Godot.

Vision chimérique

Si à Anchorage, comme l’affirment certaines sources bien informées, Poutine a vraiment promis à Trump qu’il n’attaquerait personne d’autre en contrepartie de la cession du territoire du Donbass – territoire qu’il n’a pas encore totalement conquis –, alors il s’agit d’un marché tout à fait cynique. Un marché dont l’objet ne saurait, évidemment, être celui de véritables négociations avec l’Ukraine.

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