Menaces de mort, insultes récurrentes… C’en est trop pour la commission d’arbitrage du district d’Alsace de football, le plus important de France avec 85 000 licenciés et 537 clubs. Pour marquer le coup, celle-ci a décidé qu’aucun de ses membres n’officiera entre le vendredi 4 et le dimanche 6 avril, soit 800 rencontres qui devront être reprogrammées.

« Nous sommes face à une recrudescence des incivilités. C’est inacceptable ce type d’attitude », insiste Marc Hoog, le président du district. Si la Ligue Grand Est s’est dite « solidaire » de la démarche, elle a néanmoins maintenu les matchs régionaux. Quant à la Fédération française (FFF), elle n’a pas souhaité s’exprimer.

Les menaces de mort visant l’homme au sifflet lors d’une rencontre amateur, fin mars, ont été le débordement de trop. « Après avoir entendu ça, c’est inimaginable pour moi de revenir sur un terrain », a expliqué ce dernier, arbitre bénévole depuis 10 ans, à l’Agence France-Presse. Il a déposé plainte et le parquet de Strasbourg a confirmé l’ouverture d’une enquête.

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Le district autorise le recours au « carton violet », qui donne la possibilité de suspendre temporairement ou définitivement une rencontre en cas de débordements. Mais cela n’empêche pas les clubs et les instances d’être dépassés par l’ampleur des dérives. « Malgré les avertissements, ça continue, déplore M. Hoog. Nous avons soixante faits disciplinaires par week-end et un ou deux incidents graves. Il y a aussi des arbitres qui, par peur, ne relatent pas totalement les faits [dans leurs rapports]. »

« L’exemple vient d’en haut »

Les incidents « sont plus le fait des mains courantes [les spectateurs], que du terrain », poursuit le président du district, qui explique que « des personnes viennent simplement pour chambrer, provoquer, insulter l’arbitre et les adversaires ». Face à des clubs ne maîtrisant plus la situation, c’est désormais la police nationale qui est sollicitée : « Nous recensons chaque semaine 35 à 40 rencontres difficiles et nous envoyons la liste aux forces de l’ordre », précise M. Hogg.

Pour les responsables amateurs, les difficultés sont accentuées par les dérives du football professionnel et sa vitrine en France, la Ligue 1. « L’exemple vient d’en haut », fait valoir Philippe Durr, président de la commission d’arbitrage du district d’Alsace.

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« Championnat de merde », s’était emporté, en février, le président de l’Olympique de Marseille, Pablo Longoria, contestant des décisions arbitrales et hurlant à la « corruption ». En mars, ce fut au tour de l’entraîneur de l’Olympique lyonnais, Paulo Fonseca, de hurler au visage de l’homme au sifflet, sa tête frôlant celle de l’officiel. Tous deux ont conservé le soutien de leurs clubs, en dépit des sanctions de la Ligue.

Après ces cas très médiatisés, Philippe Durr avait prévenu ses collaborateurs : « Je leur avais dit qu’il fallait s’attendre à des débordements sous peu. Il n’a même pas fallu attendre trois semaines… » Face à une situation « qui dégénère », il appelle désormais à « une prise de conscience de tout le monde ».

Le Monde avec AFP

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