Le Parlement arménien a adopté, mercredi 12 février, en première lecture un projet de loi visant à ouvrir des négociations pour rejoindre l’Union européenne (UE), une illustration de la volonté de l’Arménie, en froid avec son allié traditionnel russe, de se rapprocher des Occidentaux.
« Exprimant la volonté du peuple de la République d’Arménie, ayant fixé comme objectif de faire de l’Arménie un pays sûr et développé, l’Arménie annonce le début d’un processus d’adhésion à l’UE », affirme le texte voté avec 63 voix pour et 7 voix contre. Le texte doit désormais être étudié en deuxième lecture.
Il avait été soumis aux élus le 9 janvier par le gouvernement de cette ancienne république soviétique du Caucase. Le premier ministre, Nikol Pachinian, avait alors salué un tournant dans l’histoire du pays, mais également averti que le processus d’adhésion à l’UE serait complexe, nécessiterait une volonté politique constante et le soutien de la population. En 2024, une pétition demandant le début d’un processus d’adhésion, soutenue par des partis et des organisations pro-européennes, avait recueilli environ 60 000 signatures dans ce pays de 2,7 millions d’habitants.
Défiance envers la Russie
Depuis près d’un an et demi, l’Arménie multiplie les gestes de défiance à l’égard de la Russie, alliée historique qui lui a longtemps vendu des armes et dispose toujours d’une base militaire sur le territoire arménien. Elle lui reproche son manque de soutien face à l’Azerbaïdjan, qui a entièrement reconquis par la force, à l’automne 2023, la région azerbaïdjanaise à majorité arménienne du Karabakh, contrôlée pendant trois décennies par des séparatistes.
Des soldats de maintien de la paix russes déployés dans le Karabakh n’étaient pas intervenus lors de cette offensive azerbaïdjanaise pour faire respecter un cessez-le-feu conclu à la fin de 2020 entre Bakou et Erevan après une guerre de six semaines. La reprise de tout le Karabakh par l’Azerbaïdjan a contraint plus de 100 000 Arméniens à fuir ce territoire, par crainte d’exactions. Depuis, Erevan prend ses distances avec Moscou.
En janvier 2024, l’Arménie a officiellement adhéré à la Cour pénale internationale (CPI), malgré les avertissements russes, et elle est désormais tenue d’arrêter Vladimir Poutine s’il met le pied en territoire arménien, en vertu d’un mandat d’arrêt de la CPI délivré à l’encontre du président russe en mars 2023. En juillet 2024, l’Arménie a aussi accueilli des exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis.
Une base militaire russe permanente se trouve toujours sur le territoire arménien, à Gumri, et Erevan reste membre de l’Organisation du traité de sécurité collective, une alliance militaire pilotée par la Russie. En février 2024, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, avait néanmoins affirmé que l’Arménie avait gelé « en pratique » sa participation à cette alliance.